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1 janvier 2018 1 01 /01 /janvier /2018 07:44

Estimation de la population mondiale au 1er janvier 2018 

selon différents compteurs, données en millions d'habitants et en début d'année

Sources                                          2017              2018               Progression

                                                                                                                    en nombre          en %

Countrymeters                                7 487             7 577          +   90   soit  + 1,2 %

INED                                               7 475             7 558          +   83   soit  + 1,1 %

US Census Bureau                         7 362             7 444          +   82   soit  + 1,1 %

Poodwaddle                                    7 474             7 558          +   84   soit  + 1,1 %

Population mondiale.com                7 439             7 524          +   85   soit  + 1,1 %

Ria Novosti - Sputnik                       7 549             7 656          + 107   soit  + 1,4 %

Terriens.com                                   7 362              7 437          +  75   soit   + 1,0 %

Worldometers                                  7 475             7 592          + 117   soit  + 1,6 %

World Population Balance               7 386             7 460          +   74   soit  + 1,0 %

_______________________________________________________________________________

Total :                                             7 445              7 534         +  89  soit   + 1,2 % 

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Comme cela était attendu, l'année 2017 aura vu l'humanité franchir le seuil des 7,5 milliards de représentants. La croissance reste stable avec un rythme annuel de + 1,2 %

La planète gagne environ 89 millions d'habitants par an (150 millions de naissances moins 61 millions de décès) ce qui correspond  à 244 000 personnes de plus par jour, solde de 410 000 naissances moins 166 000 décès.

L'année a aussi été marquée en juin par la publication des nouvelles projections de l'ONU ainsi, comme tous les deux ans, que par la l'édition en septembre de  l'étude "Tous les pays du monde" reprenant les statistiques  mondiales et les projections pour 2050 de  l'INED via la revue Population & Sociétés sous la direction de Gilles Pison (1).

Ces deux institutions confirment évidemment les estimations proposées par les compteurs cités plus haut. Elles valident également les récentes tendances au rehaussement régulier des projections démographiques ainsi que l'arrêt de la baisse de la fécondité mondiale (stabilisée à 2,5 enfants par femme).   Nous serons environ 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100 selon les projections moyennes (2).

L'Afrique est plus que jamais le continent où se produira l'essentiel de la croissance démographique de ce siècle. La transition démographique tarde à s'y manifester. L'Afrique subsaharienne concentre presque tous les records de fécondité et l'Afrique du Nord, elle-même, connait des hausses de fécondité (l'ensemble de l'Afrique septentrionale est à 3,3 enfants par femme selon l'INED).

Ci-dessous, graphique des projections de l'ONU pour 2100. Notez que les courbes des fourchettes hautes et basses sont établies respectivement à partir d'une élévation ou d'une diminution de la fécondité de 0,5 enfant par femme par rapport à la fécondité retenue pour la projection moyenne (elle-même basée sur une anticipation de fécondité sensiblement déclinante partant donc de 2,5 enfants par femme aujourd'hui pour atteindre deux enfants en moyenne mondiale en fin de période).

 

Concernant les deux géants démographiques asiatiques que sont l'Inde (1,352 milliards d'habitants) et la Chine (1,387 milliards), notons une stabilité de la fécondité en Inde (2,3 enfants par femme) et une légère remontée en Chine (passant de 1,7 à 1,8 par rapport à l'étude précédente). La Chine entame sa seconde année "post politique de l'enfant unique", il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions durables quant à l'effet de la fin de cette politique. Quoi qu'il en soit, très bientôt les 35 millions d'habitants qui  séparent les deux pays seront "comblés" et l'Inde deviendra effectivement la nation la plus peuplée au monde.

Enfin, le 13 novembre dernier, dans la revue américaine BioScience  plus de 15 000 scientifiques du monde entier signaient une "Alerte solennelle sur l'Etat de la planète" et proposaient un ensemble de 13 mesures parmi lesquelles deux faisaient directement référence à la démographie. 

Ainsi la huitième (h) : "Réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu'hommes et femmes aient accès à l'éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore."

Mais aussi la treizième (m) : "Déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s'assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital."

Cet appel a été largement repris en France notamment par le journal Le Monde qui en faisait sa une le lendemain et, dans les jours suivants, plusieurs médias, papiers où audiovisuels, proposèrent des articles, des émissions ou organisèrent des débats sur ce thème.

En ce qui concerne la France, l'estimation de l'INSEE pour le 1er janvier 2017 était de 64 860 000 habitants sur le seul territoire métropolitain et de 66 991 000 habitants avec les DOM-TOM. Les estimations pour le 1er janvier 2018 seront prochainement publiées mais on peut sans doute tabler sur une évolution d'environ + 0,5 %  conduisant notre pays à dépasser les 65 millions en métropole et les 67 millions dans son ensemble.

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(1) Les  données de l'INED proviennent essentiellement de la World Population Data Sheet publiée par le Population Reference Bureau

(2) Les projections moyennes pour 2050 selon l'Onu se situaient à 9,1 milliards en 2009, à 9,3 milliards en 2011, à 9,6 milliards en 2013, à 9,7 milliards en 2015 et enfin donc à 9,8 milliards en 2017. Les estimations de l'INED étaient très proches et ont évolué dans le même sens. Pour 2100 l'ONU prévoyait 10,1 milliards d'habitants en 2011, elle en envisage  donc maintenant 11,2.

(3) Le compte établi en 2017 faisait état de 7,440 milliards, trois compteurs ayant disparu depuis, seuls sont retenus dans l'article ci-dessus ceux qui sont disponibles à la fois au 1er janvier 2017 et au 1er janvier 2018, ce qui explique le léger décalage pour l'année 2017, sur les compteurs encore existants, la moyenne pour le premier janvier 2017 est bien de 7,445 milliards.

Vous pouvez retrouver la série d'articles de ce site consacrés à nos effectifs en début d'année :  

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards),

2012 (7,003 milliards), 2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards),

2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 2017 (7,440 milliards),

2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards),

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards).

 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 17:44

Economie Durable vous présente ses meilleurs vœux

Heureuse année 2018 à toutes et à tous

 

 

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6 décembre 2017 3 06 /12 /décembre /2017 17:04

 

 

Brillamment préfacé par François Ramade, « L’homme, cet animal raté » raconte l’histoire d’un échec, le nôtre ; celui d’une espèce à l’intelligence incomparable dont pourtant le comportement collectif conduit à une catastrophe pour elle-même comme pour presque tout ce qui vit sur la planète.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

 

 

Pierre Jouventin rappelle et développe cette analyse d’Adriaan Kortland

« C’est la combinaison de caractères typiques des primates et de quelques caractères typiques des carnivores qui a donné un résultat sans autre exemple que l’homme »

Plus précisément, par la coopération, nous nous comportons comme un animal de meute,  mais tandis que le loup appuie ce comportement sur l’inné, nous l’appuyons sur la culture et la réflexion. Cette attitude, combinée au caractère plus individualiste des primates a fait notre spécificité, notre force et notre malheur.

Notre force, parce qu’incontestablement, dans un premier temps, notre espèce est une réussite, non seulement par ses réalisations mais tout simplement par sa démographie. Aucune espèce de prédateur de cette taille n’a jamais été présente sur la planète à plus de quelques millions d’exemplaires (moins encore sans doute). Si nous sommes aujourd'hui mille fois plus nombreux, c’est parce que notre « intelligence » (P. Jouventin développe évidemment ce concept ainsi que celui de supériorité) nous a provisoirement permis d’exploiter l’environnement selon des modes très différents de ceux que pratiquent les autres animaux.  

Notre malheur et celui des autres, parce que cette spécificité présente une limite que nous sommes en train d’atteindre, limite par épuisement des ressources - nous consommons le « capital » de la planète - limite par ignorance ou par viol des lois de l’écologie bâties sur l’équilibre des forces. Nous déséquilibrons le monde alors même qu’il est aussi notre support.

Avec raison, Pierre Jouventin insiste largement sur le facteur démographique. Il se désole que des mouvements, pourtant aussi prometteurs que la décroissance, laissent le plus souvent la question de côté. Il rappelle notamment cette phrase de Guy Jacques  dans Osez la décroissance ; « La démographie constitue le point aveugle de la philosophie politique de la décroissance, évoquer seulement la question démographique c’est déjà vouloir exterminer les pauvres ». Puissent quelques écologistes s’inspirer de cette réflexion et s’engager peu à peu à briser le tabou.

Cet échec doit-il nous laisser penser que c’est par nature l’intelligence (au sens où nous la concevons pour l’homme) qui est condamnée partout dans l’Univers ? Que toute suprématie d’une espèce sur une autre rompt les équilibres qui permettent à la vie de perdurer et donc se condamne elle-même. Peut-être est-ce là la porte ouverte vers un pessimisme plus large encore.

Dans cette vidéo, Pierre Jouventin présente lui-même son ouvrage et le fil de son raisonnement.

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Pierre Jouventin ; L’homme cet animal raté, Histoire naturelle de notre espèce, préface de François Ramade, 2016, 21 €, Éditions Libre et solidaire, ISBN 9782372630238

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29 octobre 2017 7 29 /10 /octobre /2017 15:24

Sous la pression conjuguée du réchauffement climatique et de l’inéluctable déplétion pétrolière, la voiture à moteur thermique est aujourd’hui sur la sellette. Ici et là, on avance publiquement un terme à sa commercialisation et parfois même à son utilisation (1). De nombreux pays semblent désormais décidés à faciliter le basculement vers la propulsion électrique présentée comme une évidence. Taxation croissante des carburants, mise en place de réseaux de bornes de recharge, véhicules électriques en auto-partage,  évocation de mesures coercitives… Tout va en ce sens, au moins pour les déplacements urbains et périurbains.

En conséquence, après avoir végété plusieurs décennies et plus d’un siècle après son invention la voiture électrique prend enfin son envol. Elle n’est plus désormais réservée aux seules flottes à usage restreint et déjà deux millions d’entre-elles circuleraient dans le monde.

Rien n’est simple. A peine le ciel se dégage-t-il au-dessus de ce que certains qualifient peut-être un peu vite « d’auto propre » que fusent les critiques et les interrogations.

Interrogations des utilisateurs potentiels d’abord, qui voient bien que la technologie n’offre pas aujourd’hui une totale substituabilité. L’autonomie réelle des voitures électriques reste largement inférieure à celles des véhicules thermiques et des rumeurs d’écarts très importants entre les annonces flatteuses et la réalité n’arrangent rien. Mais surtout, les temps de recharges restent absolument prohibitifs. Alors qu’un plein pour 7 ou 800 km demande trois minutes avec une voiture à essence il faut plusieurs heures pour atteindre de quoi faire 150 ou 200 km en électrique. Cela exclut une bonne partie des usages malgré quelques possibilités de recharges partielles plus rapides (2).

Beaucoup d’écologistes aussi sont très  circonspects, accusant la voiture électrique de ramener la pollution du pot d'échappement vers la centrale électrique. L’ensemble du cycle automobile pose également problème. La voiture électrique n’est guère plus propre à produire et à recycler et la fabrication des batteries est loin d’être irréprochable. Les coûts écologiques de l’extraction de certains éléments rares doivent être pris en compte et la raréfaction prévisible de ces matériaux constitue un handicap supplémentaire.

Pour faire bonne mesure, ajoutons qu’évidemment la hausse attendue de la demande en électricité liée la généralisation de ce mode de propulsion fait surgir chez les écologistes le spectre honni d’une relance du programme nucléaire, même si certains tablent sur des énergies renouvelables toutes puissantes pour demain (3 et 4).

Hélas, la vraie barrière est plus profonde et bien rarement mise en avant.  Imaginons ainsi que, par quelque miracle, nous inventions une batterie capable de faire rouler une voiture un million de kilomètres, voler un avion ou chauffer une maison des années durant... Pour faire au mieux imaginons que cette batterie ait la taille d'un dé à coudre, que sa fabrication comme sa charge initiale ne coûtent ni ne polluent quasiment rien et même qu'elle soit 100 % recyclable. La science triomphante aurait-elle alors répondu à toutes les critiques et sauvé la planète ? 

Bien au contraire ! Ce fabuleux pouvoir de l'énergie sans contrainte serait celui qui nous conduirait à détruire la Terre, car il n'y aurait plus alors de limite à notre emprise. Nous nous permettrions tout, fabriquerions tout, croulerions sous les objets. Nous nous installerions partout et artificialiserions l'ensemble des espaces, couvrant la moitié du monde de béton et l'autre moitié de macadam, ne laissant rien au monde animal ou végétal et offrant à une seule espèce la mainmise sur l'ensemble de la planète, en flagrante contradiction avec toute l'histoire de la vie.

Il s'agit là de l'un des arguments les plus importants en défaveur d'une fuite en avant technologique. Ce ne sont pas les imperfections et les insuffisances de la technologie qui la condamnent, ce sont au contraire ses potentialités.

Il va de soi que cette critique ne s'adresse pas à la seule voiture électrique, ni même à la seule question de la production d'énergie, elle pose en fait le problème du pouvoir excessif. Même masquée par toutes les bonnes intentions du monde, l'amélioration de notre efficacité se traduit par l'augmentation de notre pouvoir sur la biosphère et ce pouvoir est en lui-même source incontournable de déséquilibre. Ainsi, tous nos efforts d'optimisation sont-ils peut-être vains par nature.

Curieusement, ce sont sans doute les défauts des énergies actuelles : coûts, difficultés d'accès, raréfaction et même pollution engendrée qui protègent la Terre en fixant une limite à nos capacités. L'autre limite pourrait être notre sagesse, c'est à dire l'engagement vers un partage du monde avec le reste du vivant.

_________________________________________________________

(1) Sans, disent-elles, vouloir stricto sensu l’interdiction, les autorités parisiennes ont annoncé viser la fin de la circulation des automobiles à essence dès 2030 (dans 13 ans !) et même dès 2024 pour les véhicules diesel. En Norvège 16 % des voitures neuves vendues en 2016 seraient à propulsion électrique. Oslo annonçait également dès 2015 l’interdiction des voitures en centre-ville pour 2019 !  La Chine elle-même avec son gigantesque marché souhaiterait s’orienter vers l’électrique.

(2) Les recharges  partielles  peuvent être plus rapides dans des bornes adaptées.

(3) Energies dont nous ne tarderons pas à trouver les inconvénients dès leur généralisation. La voiture solaire par exemple restera une chimère, la surface d’un véhicule ne permet de recevoir qu’une proportion infime de la puissance nécessaire au fonctionnement d’un véhicule, les rendements seraient-ils - et ils en sont loin - de 100 % de bout en bout. La question des matériaux et de l’énergie utilisés pour toutes ces réalisations se posera également, suscitant des doutes sur le rendement global de telle ou telle filière.

(4) Ne sont pas abordées ici les questions connexes que sont l’équilibre entre les transports privés et les transports publics, ni le problème plus fondamental de l’obligation de mobilité permanente qu’imposent nos sociétés. Ces interrogations s’appliquent évidemment à la propulsion thermique comme à la propulsion électrique. Sur un point plus restreint, ne sont pas abordées non plus d'autres manifestions de pollution liées à l'usage comme l'émission de particules lors du freinage ou le dépôt de gomme sur les chaussées, là aussi, voitures électriques et thermiques sont concernées de façon comparable. Un autre volet pourrait aussi être évoqué, celui des voitures "intermédiaires", c'est à dire les véhicules hybrides rechargeables chez soi et permettant une autonomie électrique pour les petits déplacements (domicile-travail par exemple) tout en permettant les longs trajets grâce au moteur thermique.

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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 16:44

Après l’ONU qui a publié fin juin ses nouvelles estimations de l’évolution de la population mondiale, c’est désormais au tour de l’INED, via la revue Population & Sociétés, de nous proposer un panorama de la démographie planétaire ainsi que ses projections pour 2050.

Editée tous les deux ans sous la direction de Gilles Pison (1), cette étude permet d’établir un suivi démographique régulier : effectifs, densité, fécondité, mortalité, espérance de vie, revenus...  L'ONU et l'INED parviennent évidemment à des résultats très semblables, les bases (notamment la World Population Data Sheet, réalisée par le Population Reference Bureau) étant largement communes.

Voici les principales données, les estimations sont fournies pour la mi-année 2017. Sources : document cité ci-dessus et versions précédentes

 

Evolution de la population mondiale par continent (en millions)

                                 2005        2007      2009         2011      2013       2015     2017

Afrique                      906            944       999       1 051       1 101     1 171     1 250

Amérique                  888           904        920          942          958        987     1 005

Asie                        3 921        4 010     4 117       4 216      4 305     4 397      4 494

Europe                      730           733        738          740         740        742         745

Océanie                      33             34          36            37           38          40           42

Total Monde          6 477        6 625     6 810       6 987     7 143     7 336      7 536

 

  Evolution de la population et taux de croissance annuel 

    De 2005 à 2007  + 148 millions hab.   soit par an  +  74 ou  + 1,1 %

    De 2007 à 2009  + 185 millions hab.   soit par an  +  92 ou  + 1,5 %

    De 2009 à 2011  + 177 millions hab.   soit par an  +  88 ou  + 1,3 %

    De 2011 à 2013  + 156 millions hab.   soit par an  +  78 ou  + 1,1 %

    De 2013 à 2015  + 193 millions hab.   soit par an  +  96 ou  + 1,4 % (2)

    De 2015 à 2017  + 200 millions hab.   soit par an + 100 ou  + 1,4 % (2)

 

                                Evolution des taux de fécondité

 (Indice Synthétique de Fécondité, isf : nombre d'enfants par femme au cours de sa vie)

                              2005        2007       2009      2011     2013      2015    2017

Afrique                     5,1           5,0         4,8        4,7         4,8        4,7       4,6

Amérique                 2,4           2,2         2,2        2,1         2,1        2,0       2,0

Asie                         2,5           2,4         2,3        2,2         2,2         2,2       2,2

Europe                    1,4           1,5         1,5        1,6         1,6         1,6       1,6

Océanie                  2,1           2,1         2,5        2,5         2,4         2,5        2,3

Total monde          2,7           2,7         2,6        2,5         2,5         2,5        2,5

 

Evolution des projections mondiales pour 2050

                       INED 2009 : 9,4 milliards,  ONU : 9,1 milliards

                       INED 2011 : 9,6 milliards,  ONU : 9,3 milliards

                       INED 2013 : 9,7 milliards,  ONU : 9,6 milliards

                       INED 2015 : 9,8 milliards,  ONU : 9,7 milliards

                       INED 2017 : 9,8 milliards,  ONU : 9,8  milliards

 

Evolution des projections pour  2050 par continent

                                                                 (Source : Ined , en millions)

                                         2009         2011       2013        2015       2017

Afrique                             1 994        2 300       2 435       2 471      2 574

Amérique                         1 205        1 216       1 228       1 221      1 227

Asie                                  5 461        5 284       5 284        5 324     5 245

Europe                                702           725          726           728        736

Océanie                                58             62            58             59          63

Total Monde                    9 421        9 587       9 731       9 804      9 846

 

Plus fortes évolutions attendues entre 2017 et 2050

                                 source : Word Population Data Sheet  (en  millions d'habitants) 

    Croissance :          Inde        : +  323     Tanzanie   :  +  95

                                  Nigéria   : +  220      Ethiopie    :  +  86

                                  RDC       : +  134      USA         :  +  71

                                  Pakistan : +  111      Egypte     :  +  70

    Décroissance        Chine     :  -    44      Japon       :  -   25

_________________________________________________________________________________

 

L'inertie des mécanismes démographiques confirme sans surprise, les tendances précédentes :

- La stabilité de la croissance démographique mondiale qui dépasse toujours assez largement 1 % (2).  Stabilité qui s'appuie sur un maintien depuis plusieurs années d'un taux de fécondité de 2,5 enfants par femme et sur une faible mortalité, partiellement expliquée, surtout en Afrique, par la jeunesse de la population mondiale. Malgré le cas de l'Europe et même malgré un commencement de vieillissement dans d'autres régions, la proportion de personnes de moins de 15 ans est stable à 26 % depuis 2013. En nombre, la croissance de la population mondiale a légèrement tendance à augmenter !

- La montée de l'Afrique comme futur géant et la lenteur de la transition démographique sur ce continent.

- L'émergence d'un "dividende démographique" (lié à la structure de la pyramide des âge maximisant la part active de la population et diminuant corrélativement celle des inactifs) dans certains pays du Sud. Cette phase,  forcément provisoire, est censée être favorable à l'économie. Nombreux sont les démographes et les économistes qui la voient avec optimisme et encouragent à saisir l'occasion pour favoriser le développement.

Principaux éléments par continent :

Afrique : Si l'Afrique poursuit son léger mouvement de baisse de la fécondité (4,6 enfants par femme en 2017, contre 4,7 en 2015 et 5 en 2009), cette tendance reste très faible et bien insuffisante pour assurer une rapide transition démographique. Globalement, le taux de croissance sur les deux dernières années est de 3,25 % par an (soit un rythme de doublement en 22 ans !). La  jeunesse de la population (41 % de la population y a moins de 15 ans) conduit à la présence d'un très grand nombre de personnes en âge ou s'apprêtant à atteindre l'âge d'avoir des enfants, promesse de nombreuses naissances dans les années futures, même en cas de tassement de la fécondité.

Avec 1,25 milliard d'habitants, le continent (qui en hébergeait à peine plus de 200 millions en 1950 et 800 millions en 2000) devrait dépasser 2,5 milliards  au milieu du siècle,  les estimations pour 2050 ayant même été revues à la hausse de plus de 100 millions en deux ans  (2,473 milliards étaient envisagées en 2015 et 2,574 milliards le sont en 2017). Pour 2100, les projections de l'Onu, - l'Ined ne publiant pas à cette échéance - prévoient 4,3 milliards d'habitants, soit à peu près la population actuelle de l'Asie pour une surface comparable.

L'Afrique continue de truster les records de fécondité avec 7,3 enfants par femme au Niger et  de 5,5 au Nigéria déjà fort de 191 millions d'habitants. Vingt pays, presque tous en Afrique intertropicale, atteignent ou dépassent 5 enfants par femme. Notons le poids démographique de plusieurs pays d'Afrique de l'Est comme la Tanzanie (57 millions d'habitants en 2017 mais 152 attendus pour 2050, alors qu'en 2015 on en attendait que 129 pour la même date). L'Ethiopie devrait également connaître une forte croissance. Sur les huit  pays dont on attend la plus forte  progression démographique (en nombre) d'ici 2050, cinq sont africains (Nigéria, RDC, Tanzanie, Ethiopie, Egypte). En taux de croissance ils sont évidemment largement en tête.

En Afrique du Nord depuis les "Révolutions Arabes", la tendance à "l'occidentalisation" des taux de fécondité s'est nettement interrompue. Globalement l'Afrique septentrionale qui connaissait une fécondité de 3,1 en 2007 se situe désormais  à 3,5. Avec 93 millions d'habitants - sur une surface utile proche de celle de la Belgique ! - L'Egypte est largement le pays africain le plus peuplé de la rive méditerranéenne, elle se situe au troisième rang du continent derrière le Nigéria et l'Ethiopie et devant la RDC.

Outre le maintien d'une forte fécondité et la jeunesse de la population (qui réduit mécaniquement la mortalité), l'une des des composantes majeures de la croissance démographique africaine est la forte progression  de l'espérance de vie.  Elle était, femmes et hommes confondus, de 53 ans en 2007, elle est passée à 62,5 ans en 2017. En 10 ans, et malgré les difficultés économiques ou politiques, l'espérance de vie y a donc pratiquement augmenté ... de 10 ans ! Dans le même temps, l'espérance de vie mondiale (Afrique comprise) s'est élevée de 4 ans (passant de 68 à 72 ans). Néanmoins la mortalité infantile reste assez forte au regard du reste du monde, elle atteint 92 pour mille en Sierra Léone (un record toutefois) contre 4 pour mille en Europe et 32 pour mille en moyenne mondiale.

L'Afrique est en fin le continent dont l'estimation de la population à la moitié du siècle a été le plus fortement relevée (elle avait donc été sous-estimée) depuis 2009 nous sommes passés d'une projection à moins de deux milliard à une projection à près de 2,6 milliards ! 

Asie : L'Asie reste le continent le plus peuplé (4,5 milliards). Elle devrait encore gagner 750 millions d’habitants d’ici 2050. Sa fécondité est stable à 2,2 enfants par femme.

L'Inde (1,353 milliards d’habitants et une fécondité à 2,3 enfants par femme) est maintenant presque au niveau de la Chine  (1,387 milliards). Elle est aussi le pays qui gagnera le plus d'habitants d'ici 2050 (323 millions). Pour sa part, la Chine par  avec une fécondité de 1,7 devrait connaître d’ici 2050 une stabilisation de sa population et même peut-être une très légère régression (- 44 millions attendus soit - 3 %). Le Japon devrait également voir une diminution sensible de ses effectifs perdant 25 millions d'habitants soit près de près de 20 % ! Mais ce pays supporte une très forte densité de peuplement : 335 habitants par kilomètre carré, la géographie montagneuse accentuant la concentration de l'habitat.

Quoique marginale sur le continent avec 269 millions d'habitants, l'Asie occidentale (essentiellement le Moyen Orient) connait encore une fécondité élevée : 2,8 enfants par femme, le Yémen atteint même 4,1 ! Les pays d'Asie centrale sont également très féconds  (isf à 2,8) mais avec peu d'habitants (71 millions) au regard de l'ensemble du continent.

En Asie du Sud, notons les très fortes fécondités de l'Afghanistan (isf de 5,3 pour 36 millions d'habitants) et du Pakistan (isf de 3,6 pour presque 200 millions d'habitants). Le Bangladesh malgré une densité record de 1 144 habitants au kilomètre carré (presque 10 fois la France, qui dans ces conditions hébergerait 630 millions d'habitants !), reste toujours au dessus du seuil de renouvellement avec 2,3 enfants par femme.  L'Indonésie qui compte déjà 264 millions d'habitants est à 2,4 enfants par femme.

Europe : Avec 745 millions d'habitants dont 511 pour l'Europe des 28, ce continent est le seul  qui  se trouve sur la voie de la stabilisation et même de la décroissance démographique. Il s'agit toutefois d'une estimation de l'évolution "naturelle" ne prenant pas en compte les phénomènes migratoires qui y sont importants du fait de sa forte attractivité et de sa proximité avec l'Afrique. 

Globalement l'indice de fécondité s'y établit à 1,6, : un peu plus en Europe septentrionale : 1,8 et  un peu moins Europe méridionale : 1,4 , là où l'on rencontre les taux les plus bas ( Grèce, Espagne et Italie sont à 1,3 et la Bosnie  à 1,2). La fécondité ne semble pas forcément être preuve de bonne santé puisque par ailleurs, l'Espagne et l'Italie (avec le Japon, également peu fécond d'ailleurs) sont parmi les pays profitant de la plus longue espérance de vie :  environ 83 ans !). Pour sa part, la France métropolitaine comptait à mi-juillet  65 millions d'habitants et devrait en héberger 7 de plus en 2050 (soit l'équivalent de la population moyenne actuelle de 10 départements qu'il faudra évidemment, loger, nourrir, employer et transporter !)

Amérique : Le continent américain qui franchit cette année le seuil du milliard d'habitants devrait encore gagner 220 millions de personnes d’ici 2050 pour atteindre atteindre 1,23 milliard.

Si l'indice de fécondité globale s'établit à 2,0 du fait des taux plus élevés de l'Amérique centrale (177 millions d'habitants et une fécondité à 2,3) et des Caraïbes (43 millions et 2,2), les Amériques Nord et Sud sont maintenant en dessous du seuil de renouvellement avec des taux de fécondité très proches, respectivement 1,8 et 1,9.

Quoiqu'encore en croissance du fait de la structure de la pyramide des âges, l'Amérique du Sud semble sur la voie de la maîtrise de ses effectifs. Des pays comme le Chili (indice de fécondité : 1,8 pour 18 millions d'habitants ) et le Brésil (1,6 pour 208 millions d'habitants) sont nettement en dessous du seuil de renouvellement des générations.  Exception notable dans ce paysage rassurant :  la Guyane française avec une fécondité record de tout le continent : 3,4 enfants par femme ! Les migrations et l'attractivité du territoire pour les naissances explique ce décalage.

Notons également que les Etats-Unis sont, et de loin, le grand pays développé qui connaitra la plus forte hausse de sa population d'ici 2050 : + 71 millions.

Océanie : La faible population océanienne (42 millions d'habitants) impacte évidemment très peu la démographie mondiale. L'Océanie connait de grandes disparités :une fécondité basse dans les pays occidentalisés :  1,8 en Australie, 1,9 en Nouvelle Zélande et avoisinant 4 aux îles Salomon, Marsahll ou aux Samoa occidentales (très peu peuplées toutefois). La variabilité des revenus (de 2 000 à plus de 45 000 € par an à parité de pouvoir d'achat)  est également très marquée et plus ou moins corrélée (négativement bien sûr) avec la fécondité.

_________________________________________________________________________________

(1) Gilles Pison : Population & Société: Tous les pays du monde 2017 . Ces documents peuvent être téléchargés depuis le site de l'INED.

(2) Ces estimations de croissance annuelle de + 1,4 % peuvent paraître élevées. Ailleurs, dans le même document (tableau 13, p.8) on parle plutôt de 1,2 %, ce qui est plus conforme à l'estimation généralement retenue d'une augmentation de la population mondiale légèrement supérieure à 80 millions chaque année. Gilles Pison met d'ailleurs en garde contre les incertitudes et les problèmes liés à des révisions de données plutôt qu'à des changements réels.

Ici, lien vers l'article concernant les précédentes projections de l'Ined (2015).

 

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5 septembre 2017 2 05 /09 /septembre /2017 08:04

A tous ceux qui ne voient plus dans l'écologie qu’une caricature ou qu’un modernisme de façade, la lecture des Entretiens sur l’écologie que nous propose Ivo Rens montrera au contraire que l’écologie est ancienne et qu’elle trouve ses sources tout à la fois dans une démarche scientifique rigoureuse et dans une attitude philosophique profonde prônant le respect, bien loin d’un utilitarisme de court terme.

Le livre est organisé en 21 chapitres présentant, sous forme de questions-réponses et dans l’ordre chronologique des parutions, un auteur et l’une de ses œuvres, les raisons de ce choix et les débats suscités par les questions traitées.

Il est aussi difficile de résumer un ouvrage ainsi composé de chapitres indépendants que de choisir une de ses parties  pour l’illustrer. Toutes présentent un grand intérêt, que ce soit les textes fondateurs ou ceux plus récents touchant un problème précis comme celui consacré à l’œuvre de Bella et Roger Belbéoch sur Tchernobyl.

Pour ma part, peut-être est-ce le premier chapitre, consacré à Lamarck, qui m’a le plus touché. Dès la préface Philippe Lebreton, nous rappelle d’ailleurs  cette citation également reprise sur ce site, et qui me semble fonder l’essentiel : « L’homme par son égoïsme trop peu clairvoyant…

Mais plus loin aussi, Ivo Rens revient sur quelques phrases qui montrent à quel point le célèbre savant, l’un de ceux ayant le plus contribué à imposer l’idée d’évolution, avait su anticiper les problèmes futurs (et en fait très concrètement ceux de notre début de 21ème siècle). Voici (p. 31) ce que conjecturais Jean Baptiste de Lamarck au sujet de l’espèce humaine dans « Philosophie zoologique » (p. 299 et 300).

1) Que cette race plus perfectionnée dans ses facultés étant venue par-là à bout de maîtriser les autres se sera emparé à la surface du globe de tous les lieux qui lui conviennent.

2) Qu’elle en aura chassé les autres races éminentes et dans le cas de leur disputer les biens de la Terre, et qu’elle les aura contraintes de se réfugier dans les lieux qu’elle n’occupe pas ;

3) Que nuisant à la grande multiplication des races qui l'avoisinent par leurs rapports et les tenant reléguées dans les bois ou autres lieux déserts, elle aura arrêté les progrès du perfectionnement de leurs facultés, tandis qu’elle-même, maîtresse de se répandre partout, de se multiplier sans obstacle de la part des autres, et d’y vivre par troupes nombreuses se sera successivement créé des besoins nouveaux qui auront excité son industrie et graduellement ses moyens et ses facultés ;

4) Qu’enfin cette race prééminente ayant acquis une suprématie absolue sur toutes les autres, elle sera parvenue à mettre entre elle et les animaux les plus perfectionnés une différence, et, en quelque sorte une distance considérable. Ainsi, la race de quadrumanes la plus perfectionnée aura pu devenir dominante ; changer ses habitudes par l’empire absolu qu’elle aura pris sur les autres… et borner les plus perfectionnées des autres races à l’état où elles sont parvenues; et amener entre elles et ces dernières des distinctions très remarquables.

Les questions proprement scientifiques, celles relevant de l’organisation de la société ou de nos rapports avec la nature y sont traitées à parts égales. Les plus habitués aux lectures écologistes seront heureux d’y trouver les grands classiques que sont Georgescu-Roegen, Osborn, Jonas, Ramade ou Meadows (j’aurais volontiers ajouté James Lovelock ou Arne Næss), les plus savants d’y trouver Humboldt ou Vernardsky et bien sûr Darwin. Tous loueront Ivo Rens de s’ouvrir aux travaux plus récents et à la frontière de la philosophie comme ceux de Corine Pelluchon où se trouvent notamment évoquée la question de notre rapport aux animaux.

Bref, un ouvrage de culture qui va au cœur du plus important des sujets, celui dont dépend l’avenir de ce qui vit sur notre planète. Puisse ne jamais se réaliser ce qu’exprime si terriblement le titre de l’un des chapitres : Printemps silencieux.

Auteurs et leurs ouvrages présentés dans ce livre :

Jean Baptiste de Lamarck (Philosophie zoologique, 1809), Alexander Von Humboldt (Cosmos, 1845-1862), Charles Darwin (De l’origine des espèces, 1859), François Alphonse Fore (Le Léman, Monographie limnologique, 1892-1902) Vladimir Ivanovitch Vernardsky (La Biosphère, 1926), Robert Hainard (Et la nature ? Réflexion d’un peintre, 1943), Fairfield Osborn (La planète au pillage, 1948), Bertrand de Jouvenel (De l’économie politique à l’écologie politique, 1957), Rachel Carson (Printemps silencieux, 1962), Barry Commoner (Quelle science laisserons-nous à nos enfants ? 1966), Donnella et Denis Meadows (Rapport sur les limites à la croissances, 1972), Nicholas Georgescu-Roegen (La décroissance, 1971-1979), François Meyer (La surchauffe de la croissance, essai sur la dynamique de l’évolution, 1974), Philippe Lebreton (L’énergie c’est vous, 1974), Hans Jonas (Le principe de responsabilité, 1979), François Ramade (Les catastrophes écologistes, 1987), Bella et Roger Belbéoch (Tchernobyl, une catastrophe, 1993), Jean-Pierre Dupuy (Pour un catastrophisme éclairé, quand l’impossible est certain, 2002), Jacques Grinevald (La Biosphère de l’anthropocène, 2007), Patrick Blandin (La biodiversité, l’avenir du vivant, 2010), Corinne Pelluchon (Les nourritures, philosophie du corps politique, 2015).

Merci à Philippe Lebreton, le fameux professeur Molo molo et auteur du très riche ouvrage  Le futur a-t-il un avenir ? de m’avoir offert et fait connaître ce livre.

_________________________________________________________

Ivo Rens: Entretiens sur l’écologie, de la science au politique, Georg éditeur. Collection Stratégies Energétiques, Biosphère et Société. ISBN 978-2-8257-1055-5. Préface de Philippe Lebreton

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25 juillet 2017 2 25 /07 /juillet /2017 08:44

Tous les ans le Global Footprint Network décrète un jour du dépassement (le 2 août en 2017, le 1er août, en 2018 et le 29 juillet en 2019) être celui à dater duquel l’humanité a consommé, depuis le 1er janvier, plus de ressources que la nature n’en produit en un an. Au-delà, nous vivrions donc « à crédit » entamant le capital de notre Terre, une situation bien évidemment non durable.

Cette réalité est indiscutable : nous consommons les ressources à un rythme plus élevé que la nature ne les renouvelle, mais que penser de ce concept ?

Si la mise en évidence d’une date particulière se conçoit parce qu’elle est commode pour la médiatisation, présenter de manière discrète un phénomène par essence continu, soulève quelques problèmes. Il est plus exact de dire que nous vivons dans l’ère du dépassement, c’est-à-dire que structurellement et en permanence, nous vivons au-delà des moyens de la planète. C’est chaque jour, chaque heure, chaque instant que nous consommons trop, et surtout la nature ne remet pas chaque premier janvier un stock à notre disposition dans lequel nous pourrions innocemment puiser jusqu’à la prochaine date retenue.

Déterminer une date et de façon générale, tenter un calcul précis sur le dépassement - même conçu comme continu - suppose de sélectionner certains critères et d’accorder à chacun d’entre eux une pondération particulière pleine d’arbitraire.

D’ailleurs, bien conscient du phénomène et souhaitant tenir compte de l’évolution de ces critères et de leurs poids respectifs, le Global Footprint Network à l’honnêteté de recalculer a posteriori la date du dépassement telle qu’elle aurait été publiée les années précédentes si l’on avait retenu les critères de l’année en cours (1).

La difficulté de la détermination d’une date relève de l’impossibilité d’intégrer objectivement certains phénomènes.

Soit parce que notre consommation est sans rapport avec le rythme de renouvellement, il est ainsi de l’utilisation d’énergie fossile. Sachant que la Terre n’en produit plus - ou de manière infinitésimale -, c’est dès la première minute de l’année que l’on pourrait considérer le dépassement atteint si l’on ne retenait que cet élément, et du moins dès les mois de janvier ou février en lui accordant une pondération déterminante.

Soit parce que, plus profondément encore, le concept de renouvellement n’a quasiment aucun sens en certains domaines. C’est le cas par exemple de la disparition des espèces animales ou végétales.  Quand une plante ou un animal disparait c’est pour toujours (2), et le premier janvier suivant, la nature ne  remet pas en circulation quelques spécimens pour nous satisfaire et nous donner bonne conscience jusqu’au prochain mois d’août.

Il en est de même de l’artificialisation des territoires. Quand un mètre carré d’humus se voir couvrir de béton, il est généralement perdu pour des siècles ou des millénaires. Là aussi, il ne se voit pas rendu à la planète à l’occasion du nouveau millésime. Intégrer sa consommation dans un processus d’annualisation relève d’une comptabilité artificielle soulignant plus encore l’inadaptation de la démarche. L’amortissement n’a guère de sens en matière de nature.

On pourrait évoquer d’autres exemples, ils relèvent tous de la même erreur. Celle de croire en la possibilité d’établir une comptabilité de la nature comme nous le faisons pour nos activités économiques, pour lesquelles la monétarisation nous permet d’établir des passerelles et des comparaisons entre éléments aussi différents que le travail intellectuel, la consommation d’énergie ou la production de biens matériels.

Enfin, ces réticences mises de côté et ne retenant que la volonté bienvenue de médiatiser la question, il reste qu’en situant le jour du dépassement en août on laisse entendre que l’humanité pourrait vivre de manière durable en consommant un peu plus de la moitié de ce qu’elle consomme aujourd’hui.  C’est là une appréciation particulièrement optimiste. Même la démographie et le modèle de consommation des années 1970 – 1980 qui grosso modo conduisaient ensemble  à une empreinte largement moitié moindre que celle d’aujourd’hui ne sont pas durables. Ils étaient déjà à des niveaux infiniment supérieurs à ce que l’humanité a connu tout au long de son histoire.

Du jour du dépassement ne doit donc sans doute être retenue que son avance régulière, c’est-à-dire l’aggravation permanente de notre impact sur le monde, c’est là l’essentiel du message.

_________________________________________________________

(1) Date du dépassement telle qu'elle a été initialement publiée chaque année depuis 2005, puis date recalculée  à partir des critères utilisés en 2016.

En 2005 : le 20 octobre puis le 29 août

En 2006 : le 9 octobre puis le 24 août

En 2007 : le 28 septembre puis le 19 août

En 2008 : le 23 septembre puis le 20 août

En 2009 : le 25 septembre puis le 24 août

En 2010 : le 21 août puis le 14 août

En 2011 : le 27 septembre puis le 11 août

En 2012 : le 22 août puis le 11août

En 2013 : le 20 août puis le 10 août

En 2014 : le 18 août puis le 10 août

En 2015 : le 13 août puis le 9 août

En 2016 : le 8 août 

En 2017 :  le 2 août

En 2018 : le 1er août

En 2019 : 29 juillet

On remarque que cette actualisation conduit généralement à une avance de la date (on consomme plus donc) mais aussi à un lissage de l’évolution qui va presque toujours dans le même sens (ce qui n’est pas le cas avec les données initialement publiées, souvent plus erratiques).

(2) Certes, si l’on se donne un recul sur des millions d’années, alors d’autres espèces se reconstitueront, mais nous serions là sur un autre niveau de vision, dépassant largement celui qui nous intéresse ici, cette reconstitution aura lieu bien après la fin de l’humanité telle que nous la connaissons.

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30 juin 2017 5 30 /06 /juin /2017 10:24

Comme tous les deux ans, l’ONU vient de publier en ce début d’été 2017 ses projections démographiques pour notre siècle.

Elles suggèrent une évolution stable ou en très légère hausse par rapport à ce qui était prévu en 2015 (*).

L’ONU envisage ainsi, selon son hypothèse moyenne de fécondité, que nos effectifs atteignent 8,5 milliards en 2030 (+ 1 milliard ou presque par rapport à aujourd’hui), 9,8 milliards en 2050 (+ 2,2) et 11,2 milliards en 2100 (+ 3,6), échéance à laquelle elle estime à seulement un peu plus de 20 % la probabilité pour que la population soit alors stabilisée.

Cette évolution reviendrait à faire passer la croissance annuelle de la population qui est actuellement d’environ 1,1 % à  0,48 % en moyenne sur les 83 années qui restent à notre siècle (en réalité donc, à la ramener progressivement de + 1,1 %  à presque 0 %).

Rappelons que cette hypothèse moyenne suppose que la fécondité mondiale qui est aujourd’hui de 2,5 enfants par femme s’abaisse à 2,2 en 2050 et à 2 en 2100. Ce niveau ne sera toutefois atteint, précise utilement l’ONU, que si des efforts sont consentis en matière de santé reproductive.

L’évolution de nos effectifs est extrêmement sensible à celle de  la fécondité. Si le nombre d’enfants par femme était seulement supérieur de 0,5 à celui qui est envisagé dans le cadre de cette hypothèse moyenne, c’est-à-dire s’il restait approximativement en 2100 à son niveau de 2017, nos effectifs atteindraient 16,5 milliards à la fin du siècle soit plus du double d’aujourd’hui ! A l’inverse, si la fécondité était 0,5 enfant en dessous de cette hypothèse (c’est-à-dire si elle était progressivement ramenée à 1,5 enfant par femme en 2100) la population pourrait commencer à diminuer bien avant la fin du siècle, puisqu’après une pointe vers 9 milliards en 2050, elle retrouverait en 2100 un niveau à peu près égal, voire même très légèrement inférieur, à celui d’aujourd’hui. C’est évidemment ce déroulement qu’il faut viser. Pouvons-nous raisonnablement faire ainsi baisser la fécondité, et comment le faire ?

L’Afrique reste le continent le plus prolifique et concentrera un peu plus de 50 % de la croissance de la population mondiale d’ici 2050 et la très grande part (3,1 milliards sur les 3,6 attendus au niveau mondial soit plus de 85 %) au-delà.  Le continent est supposé, toujours selon l’hypothèse moyenne, atteindre 4,3 milliards d’habitants en 2100 ! Les taux de fécondité y ont légèrement baissé (4,7 enfants par femme en 2015 contre 5,1 sur la période 2000-2005), mais ils restent très supérieurs à ceux des autres continents.

L’Asie qui connait une fécondité de 2,2 enfants par femme a vu celle-ci baisser de 0,2 au  cours des 10 dernières années et s’approche donc d’une situation de stabilité, même si elle reste, de loin, le continent le plus peuplé (4,5 milliards d’habitants soit environ 60 % de la population mondiale en 2017).

Ci-dessous, graphique de l’évolution de la population mondiale selon les différentes hypothèses de l’ONU. Notez l’élargissement des fourchettes de projections avec le temps, gardons en effet à l’esprit que si les projections pour 2050 sont très fiables, sauf catastrophes, celles de 2100 sont beaucoup plus incertaines (ce graphique ainsi que celui de tous les pays et des principales régions du monde est accessible via ce lien).

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(*) Evolution des projections de l’ONU pour 2050 et 2100 puis de l’Ined pour 2050.

Pour 2050, les projections de l'ONU selon l’hypothèse moyenne de fécondité s’élevaient :

En 2009 à 9,1 milliards, en 2011 à 9,3 milliards, en 2013 à 9,6 milliards

en 2015 à 9,7 milliards, en 2017 à 9,8 milliards.

A l’échéance 2100, et toujours selon l’hypothèse de fécondité moyenne :

En 2011 à 10,1 milliards, en 2013 à 10,9 milliards, en 2015 à 11,2 milliards et en 2017 donc à 11,2 milliards de nouveau.

Pour l’Ined qui publiera ses estimations 2017 à l’automne, les prévisions pour 2050 s’élevaient :

En 2009 à 9,4 milliards, en 2011 à 9,6 milliards, en 2013 à 9,7 milliards et en 2015 à 9,8 milliards.

Dans tous les cas, on constate une tendance à la hausse de ces projections repoussant simultanément la stabilisation à plus tard et à un niveau plus élevé.

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29 mai 2017 1 29 /05 /mai /2017 18:24

Nombreux sont ceux qui imaginent bien des difficultés au sujet du pilotage de la transition énergétique que devraient conduire ensemble Nicolas Hulot et Edouard Philippe, ancien salarié d'Areva et nouveau premier ministre. Pour ceux-là, un pro-nucléaire et un écolo ne pourraient pas s'entendre, et il est vrai que les relations exécrables qu'ont entretenues le lobby EDF et un courant écologiste qui s'est largement construit autour de la question nucléaire laissent a priori peu de place à une démarche constructive.

Ce raisonnement a pour lui l'évidence des apparences mais il fait fi d'une situation qui n'a jamais autant été ouverte à une évolution négociée de part et d'autre.

Quel est l'objectif ? Réduire la part du nucléaire de 75 à 50 % en 7 ou 8 ans.

Pour les écologistes réalistes, une réduction plus forte, même si elle était souhaitable, n'est matériellement pas possible dans ce laps de temps. Et il sera toujours temps dans quelques années de rediscuter les objectifs pour l'après 2025.

Du côté des tenants du nucléaire, ils ne peuvent pas nier les difficultés rencontrées dans la mise au point des EPR, ni ne pas voir l'envolée des coûts de production du kWh avec des centrales nucléaires rendues plus fiables et plus sûres mais plus chères à construire et à faire fonctionner. Ce point est d'autant plus sensible que dans le même temps, d'une part les coûts des ENR ont baissé sensiblement, et que d'autre part le grand public est désormais averti que les coûts de déconstruction des centrales nucléaires ont été longtemps minorés par les acteurs de la filière.

Et puis il y a aussi tous ces pays qui décident de sortir du nucléaire comme l'Allemagne ou la Suisse, et qui font un peu douter de la pertinence d'un modèle privilégiant massivement l'énergie nucléaire.

Dans ce cadre, ne dépendre du nucléaire à moyen terme que pour un kWh sur deux devient une solution raisonnable pour toutes les parties, même si la liquidation d'une partie de cet outil industriel est socialement problématique comme l'ont montrée les réactions autour de la fermeture de Fessenheim.

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25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 10:20

Conçu comme un dialogue entre les deux auteurs, Le sens de l’écologie politique nous rappelle utilement et adroitement les origines de la pensée écologiste. Antoine Waechter et Fabien Niezgoda démontrent qu’elle se nourrit, et cela très anciennement, à la fois d’une démarche esthétique et respectueuse du monde et d’une approche intellectuelle comprenant parfaitement l’interdépendance de tout le vivant (et même sans doute du vivant et du non vivant).

Tous les familiers de la littérature écologiste y retrouveront les grands auteurs, Aristote, Minois, Illich, Malthus, François d’Assise, Rousseau, Ellul, Michéa, Gorz, Meadows, Charbonneau, Terrasson, (dont je ne peux m’empêcher de reprendre cette citation : « Regardez nos villes, laissez-vous imprégner de leur dureté émotionnelle, et pensez à ce que serait le ciel, si nous avions le pouvoir de modeler la forme des nuages »). Mais on y côtoie aussi les naturalistes Linné, de Bougainville, Humboldt, Pelt et bien d’autres. Le sens de l’écologie politique offre en cela un bel équilibre entre la réflexion sociétale et historique et la science. Écologistes et écologues, trop souvent séparés, y ont leur juste place. 

Le livre est organisé autour de quelques  grands thèmes : la beauté de la nature, la finitude du monde, le progrès… On y trouve aussi une intéressante critique des Lumières dont les auteurs prétendent, et je partage leur point de vue, qu’elles ne fondent pas la pensée écologiste. Fabien Niezgoda et Antoine Waechter affirment dans ce chapitre la distinction entre ce qui relève de la connaissance et ce qui relève de la volonté de dominer et nous disent que le passage de la première à la seconde relève, non de la science, mais d’un choix de société, en cela, « c’est une question éminemment politique » déclarent-ils. La démographie est ici utilement abordée, quand elle est ailleurs si souvent ignorée. Intéressante réflexion également sur l’enracinement, quand la mode est au mondialisme et à la remise en cause de toute attache et de tout amour d’un territoire. Je ne puis également qu'adhérer à l'affirmation de l'écologisme en tant qu'humanisme. Peut-être aurait-on pu y trouver une référence plus large aux réflexions sur la démesure (l’hubris) et sur les questions d’échelle telles qu’elles furent évoquées par exemple dans l’excellente étude d’Olivier Rey « Une question de taille ». 

L’un des messages de l’ouvrage est que l’écologie est à la fois conservatrice et innovante. Conservatrice par le respect dû aux lois de la nature et à sa beauté, innovante par l’affirmation nette de la nécessité de changer nos comportements, bien loin de la vision simpliste d’un combat politique binaire axé sur la seule communication et sur une modernité de façade. Bref, une lecture salutaire à un moment où, pour la première fois depuis 40 ans, l'écologie s'est trouvée absente d'une élection présidentielle.

L'auteur a présenté son ouvrage et différentes réflexions sur la démographie à l'occasion d'un entretien sur TV Libertés

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Le sens de l’écologie politique, une vision par-delà droite et gauche, par Antoine Waechter et Fabien Niezgoda, Editions Sang de la Terre, Paris, février 2017, 99 pages, ISBN 978-2-86985-339-3, 15 €.

Fondateur et président du Mouvement Ecologiste Indépendant, Antoine Waechter fut candidat à la Présidence de la République. Enseignant l’Histoire et la Géographie, Fabien Niezgoda est également l’auteur de l’ouvrage : Les partisans de Charles le Téméraire en Lorraine (Editions Le Polémarque).

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