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10 juillet 2020 5 10 /07 /juillet /2020 18:04

Un article de Daniel Martin

Grâce à ses alliances avec les partis de gauche, FI, PC, PS, autres divers, EELV a raflé la mise lors des élections municipales marquées par un tsunami abstentionniste. Et voilà que suit un profond remaniement ministériel. Probablement justifié, plus par la défaite de LREM que la victoire des Verts.

Et si les votants, plutôt que d’exprimer une adhésion « écologiste » aux élections municipales, avaient plutôt choisi de dépoussiérer la gauche ?

Il est évident que seul, EELV, y compris en rassemblant toutes les organisations écologistes politiques non Verts, n’aurait pu faire tomber les grandes villes conquises le 28 Juin 2020. L’exemple le plus frappant est celui de Marseille. Michèle Rubirola, aujourd’hui Maire, avait été exclue d’EELV pour s’être associée au premier tour des municipales au mouvement d’union de la gauche le « Printemps marseillais », dont elle prit la tête de liste. Dès lors, EELV avait soutenu un candidat qui n’a pas pu se qualifier pour le second tour (8,94 % des suffrages) et s’est résolu au second tour à faire reporter ses voix sur Michèle Rubirola, laquelle avait fait le plein des voix de gauche.

Ceux, qui à EELV, penchaient encore pour une écologie comme force politique indépendante se situant au-delà de la gauche et de la droite, tel que, parfois Yannick Jadot (ex candidat aux présidentielles de 2017), probablement plus par ambition personnelle que réelle conviction écologique, ont été laminés par ceux qui ne juraient que par une alliance toute à gauche, tel Julien Bayou désormais numéro un des Verts.

Dans des communes de moindre importance démographique, les candidats Verts se sont souvent associés dès le premier tour à divers mouvements citoyens de gauche, voire très à gauche comme le parti de Benoît Hamon : Génération/s, le Parti communiste, la France insoumise. Après leur victoire, nul doute que ces professionnels de la politique exigeront leur tribu, alors qu’idéologiquement, très généralement ils sont productivistes, pro- natalistes, pro-croissance, pro- nucléaire qui sont les antithèses de l’écologie… Mais il est vrai que les « Verts » se sont rendus compatibles avec l’idéologie de ces organisations politiques depuis longtemps, notamment sur la croissance qu’ils veulent "sélective", mais croissance quand même, et la question démographique.

Mais peut-on faire toutefois abstraction du fait qu’EELV a souvent devancé ses partenaires de gauche au premier tour ?

On ne peut contester le fait que très souvent c’est EELV qui est arrivé en tête dès le premier tour des élections, devançant parfois très largement leurs partenaires de gauche, comme à Lyon. Ceci s’explique avant tout par la mobilisation de l’électorat « Verts » qui est un électorat plus militant, du moins beaucoup plus sensible aux questions d’environnement avec l’impact de certaines activités humaines et qui se déplace plus facilement au bureau de vote, contrairement aux autres électorats de partis souvent divisés qui y sont moins sensibles et se sont donc moins mobilisés. Au premier et au second tour de cette élection municipale c’est plus un électorat populaire qui vote traditionnellement à gauche ou à droite qui a fait défaut, soit par crainte de l’épidémie de Covid-19, ou considérant qu’il y aurait forcément un second tour, et au second tour parce que ceux qui restaient ou les fusions ne leur convenaient pas, voire pour d’autres raisons … Mais à cette élection municipale on ne peut nier que pour l’électorat qui s’est déplacé vers les urnes, la question environnementale a bien été l’une des préoccupation dominante.

Concernant le vote lui-même, l’équation est simple : pour un potentiel électoral constant, ce qui est le cas généralement pour EELV, par exemple : avec 1 000 électrices et électeurs inscrits, un parti politique qui a un électorat constant de 100 voix cela représentera 10 %. S’il n’y a que 45 % de votants soit 450 électrices, électeurs, si toujours 100 voix cela fera 22 % des inscrits… Ainsi un parti ou mouvement politique qui un électorat de base constant qui se mobilise, plus il y a d’abstention, plus cela le favorise en pourcentage des voix.

La "vague verte" toutefois submergée par le tsunami abstentionniste

Jamais dans l’histoire de la 5ème République, lors d’une élection municipale, un tel taux d’abstention ne fut atteint. Il faut constater que depuis 1983, où le taux de participation était de 78,42 % au premier tour et 79,68 % au second, les Français se sont très progressivement désintéressés de cette élection jugée cependant comme « l'élection des élus préférés des Français ». Toutefois, jusqu’en 2014 où le taux de participation était de 62,13 % au premier tour et 63,55 % au second, c’était une large majorité de l’électorat qui se déplaçait, alors qu’en 2020, du jamais vu, à peine plus du tiers de l’électorat s’est déplacé au premier tour : 36,67 % et avec 44,66 % au second tour on est encore assez éloigné de la majorité. Il est vrai que l’épidémie du Covid-19 a sa part de responsabilité dans ces défections, avec un premier tour de tous les risques sanitaires et un second tour trois mois après le premier, ce qui pouvait poser un problème de Droit.

Une légitimité des nouveaux élu(e)s du second tour des élections municipales pour le moins controversée.

Après un premier tour effectué en de telles circonstances, de nouvelles élections avec abrogation des résultats du premier tour pour les communes n’ayant pas élu leur Conseil municipaux reportées à l’automne eu été plus réaliste. Aujourd’hui si la légalité de l’élection des nouveaux Maires, n’est pas contestable, car la loi ne prévoit pas de « quorum » pour valider une élection municipale, c’est-à-dire un nombre minimum de votants en rapport avec le nombre d’inscrits, on ne peut pas en dire autant concernant leur légitimité, pour le moins très controversée... Dans les faits, la question de la légitimité par rapport au taux de participation ne se pose pas dans notre Droit, même si on peut considérer que c’est un vide juridique qu’il faudrait combler. Mais jusqu’à présent cette question ne s’est jamais véritablement posée depuis que le vote, pour les modes de scrutin universel, est considéré comme un droit (l’on en use ou pas) et non d’une obligation comme dans certains pays voisins.

Hors la «  vague verte », un certain immobilisme caractérise cette élection municipale

Si la « vague verte» à l'issue des élections municipales a été beaucoup remarquée, le scrutin 2020 se caractérise surtout par un fort immobilisme. Dans les villes de plus de 3500 habitants, les deux tiers des maires élu(e)s sont des sortants.

La crise de vocation, un temps évoquée à l’approche de la campagne électorale, n’a pas eu lieu. Les trois quarts des maires (villes de plus de 3 500 habitants) se sont représentés lors du dernier scrutin municipal. Globalement c’est 8 maires sortants sur 10 réélus, dont la moitié dès le premier tour.

Le conservatisme est particulièrement marqué dans les « villes moyennes », celles comptant entre 20 000 et 100 000 habitants. Près des trois quarts des maires élu(e)s sont des maires sortants, contre seulement 60% dans les villes de moins de 10 000 habitants. Le contexte d'inquiétude du premier tour, tenu en pleine pandémie et à la veille du confinement, n’explique pas à lui seul cette «prime au sortant» puisque la moitié de ces villes moyennes a connu un second tour dimanche. Les électeurs ont pu à cette occasion récompenser leur maire, dont ils estimaient sa bonne gestion de la crise sanitaire.

La prime au sortant fonctionne, que le maire soit de droite ou de gauche. Les deux bords politiques affichent peu ou prou les mêmes statistiques de réélection. 82,5% des maires de droite qui se représentaient en 2020 ont retrouvé leur siège pour 84,1% des élus de gauche. Fort de quelques bastions encore tenaces, la gauche radicale (PC, FI) affiche le score le plus élevé, avec 22 de ses 24 maires sortants réélu(e)s.

Par contre, l’électorat a fait preuve d’une certaine défiance envers l’exécutif gouvernemental, il a toutefois été beaucoup moins tendres avec les maires sortants étiquetés au centre sous couvert LREM. Seuls deux tiers d’entre eux peuvent se targuer d’une réélection.

Qu’est-ce qui pourrait toutefois caractériser la gestion municipale d’un maire « Verts »

Si en règle générale, au-delà des compétences d’un maire qui sont définies par la loi, tous les maires affirment que leur politique permettra à leur commune d’être économe, accueillante, mêlant harmonieusement activités économiques, agricoles, logements, commerces, circulation douce, espaces verts et une commune plus arborée, des services avec en priorité sports, culture etc. Mais dans la réalité, les décisions qu’ils prennent sont parfois contradictoires avec ces projections et souvent incompatible avec l’urgence écologique et climatique… Et quand même leurs politiques municipales s’inscriraient dans ces perspectives, elles peuvent apparaître bien insuffisantes, voire gadget en regard de la gravité de la situation écologique planétaire.

Toutefois, faute de pouvoir inverser une situation qui a bien des égards est irréversible, à minima pour retarder des échéances, il y a quelques principe de gestion au niveau communal qu’un maire « Verts » devrait avoir à l’esprit, bien qu’aujourd’hui les maires aient perdu une part de leur autonomie de gestion au profit de l’intercommunalité (communauté de commune, d’agglomérations, métropoles).

- Tout développement économique local doit privilégier une économie durable et circulaire qui soit peu énergivore et la moins polluante possible en rejet de gaz à effet de serre. Il faut s’efforcer d’encourager les circuits courts et tendre vers une certaine autosuffisance alimentaire sans intrants chimiques. Cela passe aussi par le développement de jardin partagés, en particulier dans les communes urbaines.

- Il ne faut pas cesser d’innover, d’être à l’avant-garde sans que cela coûte plus cher à la planète et aux contribuables. S’il n’existe pas, il faut élaborer un plan local climat avec tous les acteurs économiques et associatifs, notamment pour mettre en place des dispositifs de réduction des mobilités domicile-travail, mais aussi mieux partager la chaussée pour des déplacements doux.

S’il convient de développer toujours plus les modes de déplacements doux et de les sécuriser, ainsi que privilégier les transports en commun, par contre il faut éviter de tomber dans le piège de la voiture électrique et des dépenses très élevées de mise en place de bornes de rechargement. Contrairement à ce que croient la plupart des gens, soumis à une propagande continuelle des politiques et des industriels, la voiture électrique n’est pas plus vertueuse pour le climat que la voiture thermique, essence ou diesel.

- Réduire les mobilités domicile-travail, c’est aussi adapter les avantages qu’offre la nouvelle révolution numérique des « intelligences artificielles » par le travail à distance (télé-travail). Mais encore faut-il encourager et aider à mettre en place des locaux avec des hubs-s de télétravail. Chaque bassin de vie économique devrait créer un pôle coworking permettant de regrouper dans le confort tous les salariés d’un secteur géographique donné qui exercent cette activité à distance. Outre le fait de leur éviter des trajets quotidiens contraignants, cela permet de préserver un espace de socialisation pour ces personne, contrairement lorsqu’ils travailleraient isolés à leurs domicile.

- La question démographique par le nombre et le minimum d’espace indispensable, permettant un vécu quotidien agréable pour chacun et un meilleur vivre ensemble est essentielle. Cela signifie qu’il faut rechercher une maîtrise et répartition équitable des populations en évitant des densifications d’habitat dans certains quartiers urbains qui vont conduire à un étalement péri – urbain. Rejetant ainsi des populations les plus modestes loin des centres de vie et d’activités économiques, ce qui va les obliger à des déplacements coûteux, avec les effets que l’on sait : impact énergétique et rejet de GES... Lorsqu’un seuil du nombre d’habitants compatible avec le nombre et l’espace disponible est sur le point d’être atteint, il faut stopper toute nouvelle construction sur la commune.

- En terme d’occupation de l’espace territorial, la notion de « ménagement» du territoire doit se substituer à celle « d’aménagement du territoire » trop souvent anarchique et synonyme de développement d’urbanisation commerciale, industrielle ou de zone d’habitats au détriment de la préservation des terres arables ou des zones boisées. Dans les faits, outre que cela doit servir à la philosophie des PLU (plans locaux d’urbanisme) dans leur élaboration, il convient donc de privilégier les rénovations de bâtiments. Concernant ceux à caractère économique, industriel ou commercial qui sont désaffectés, suite à une cessation d’activités professionnelles, une préemption éventuelle pour une réaffectation doit être étudiée en priorité.

Pour une urbanisation maîtrisée et valorisée. Si l’on ne doit pas abandonner le logement social, au contraire. Ceux existants peuvent être mieux réhabilités et rénovés avec agrandissement des espaces de vie, en particulier pour les HLM plus anciens. Il faut exiger des propriétaires que sont les bailleurs sociaux d’être à l’écoute de leurs locataires et dans certains cas, par des conditions attractives leur permettre de devenir propriétaire du logement.

Eprouver de l’empathie à l’égard des animaux est indissociable de celle que l’on peut avoir à l’égard des êtres humains, toute politique municipale doit l’intégrer.

Penser également aux effets de la nouvelle révolution numérique

Nous sommes entrés dans une ère post-croissance avec une nouvelle révolution numérique, où les nouvelles « intelligences artificielles » mégas données ou « Big data » font que les robots changent de statut, contribuant ainsi à nouvelle mutation anthropologique...

La nouvelle révolution numérique qui se traduit par un système interconnecté reliant machines et méthode de gestion par des robots avec une nouvelle forme «  d’intelligence artificielle » qui leur permet de fonctionner sans très peu de personnel. Certaines entreprises de la grande distribution ont déjà inauguré (à titre expérimental) ce type d’organisation « 4.0 ». D’ailleurs, il n’y a pas que les entreprises de la grande distribution qui peuvent adopter la formule de « gestion et de production 4.0 »… Demain avec la 5 G qui sera imposée, nous passerons à un autre niveau d’interconnexion et de fonctionnement sans intervention humaine, tant pour la production, la distribution que la gestion.

Faute d’avoir préalablement anticipé une réflexion et pris de mesures adaptées, dans les communes on peut se trouver avec un taux très élevé de chômage à terme et qui ne pourra être adouci par les dispositions du « chômage partiel ». Les experts du forum économique de Davos ne prévoient-ils pas 5 millions de chômeurs à l’horizon 2005 ? Certes, de nouvelles activités que l’on ne peut imaginer aujourd’hui verront le jour, comme, par exemple les plateformes numériques d’aujourd’hui que l’on ne pouvait imaginer dans l’année 80 début 90. Il va de soi qu’il va falloir que les maires et les présidents d’intercommunalités s’attellent à la tâche et là encore mobiliser toutes les énergies pour s’orienter vers les activités indispensables et conformes aux défis à relever par rapport à la transition écologique.

Si les nouvelles intelligences artificielles peuvent intervenir pour remplacer certaines tâches, par exemple dans la médecine, la justice ou permettre de réduire les mobilités par le travail à distance dans les secteurs de bureautique, il faut penser aux conséquences. Les métaux rares indispensables, issues des terres rares (toutes ne le sont pas) sont une ressource fossile et à ce titre elle n’est pas inépuisable. Leur extraction a par ailleurs un coût très élevé sur le plan environnemental et énergétique, mais aussi pour la santé des travailleurs et des populations riveraines. Cela signifie qu'il faut amplifier considérablement le traitement et la valorisation des déchets du numérique, c'est une activité économique créatrice d'emploi.

Pour conclure

Cette élection municipale qui s’est déroulée dans une situation inédite pour des raisons sanitaires liées à l’épidémie du Covid-19 a été marquée par un taux d’abstention jamais atteint dans l’histoire de la 5ème République. Les conseils municipaux et les maires sont légalement élu(e)s, même si leur légitimité est quelque peu écornée et bien que l’on puisse relativiser la prise de conscience écologique de la population, avec l’abstention, la conquête de nombreuses communes, dont des grandes villes par les « Verts » est aussi l’autre particularité de ce scrutin.

Sur ce thème voir aussi le récent entretien d'Antoine Waechter président du Mouvement Écologiste  indépendant sur Le Point

 Cet article a été préalablement publié sur le blog Médiapart de Daniel Martin

 

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27 juin 2020 6 27 /06 /juin /2020 10:04

L’habitude a été prise d’opposer contrôle social et démocratie. Toute utilisation de technique  informatique fait peur et est souvent perçu comme une atteinte à nos mœurs démocratiques. Depuis un article célèbre des années 70 (1), la cause est entendue. Tout récemment, à l’occasion de la pandémie liée au coronavirus, beaucoup – et ici même dans ce blog - se sont interrogés sur les mesures de suivi étudiées par le gouvernement pour contenir la propagation de la maladie et n’ont pas hésité à y voir les prémices d’un monde type « 1984 ».

Toutefois les événements obligent à s’interroger plus avant, même si ce questionnement est tout sauf facile. Quand on voit des dizaines de milliers de personnes s’affranchir des règles de prudence légalement énoncées à l’occasion d’un moment festif, et notamment la fête de la Musique, quand on constate l’impuissance des forces de l’ordre à faire respecter les mesures de distanciation, force est de réfléchir au moyen d’organiser le respect des règles sanitaires dont l’enjeu est tout de même la vie de milliers de nos compatriotes. Sans compter l’impact économique qu’aurait un nouveau confinement sur l’économie de nos entreprises et l’emploi. Comment combattre une insouciance qui confine à l’inconscience et se soucie comme d’une guigne de toute solidarité envers les personnes les plus fragiles au nom du refus de toute frustration ?

Augmenter les moyens des forces de l’ordre ? Cela peut apparaître à certains comme une solution, mais que faire face à une marée humaine qui se moque de ses obligations ?

Concrètement seules les technologies nouvelles peuvent venir en aide à nos pouvoirs publics pour faire respecter les règles imposées pour le bien de tous. Un système d’identification par reconnaissance faciale de chaque individu permettrait de poursuivre ces personnes qui de fait mettent en danger leur vie et celle d’autrui. L’amende de 135 euros ? C’est un début mais cela n’est sans doute pas suffisant pour faire rentrer dans le bon chemin des individus essentiellement centrés sur eux-mêmes et leurs plaisirs immédiats. Faut-il alors aller, comme en Chine communiste, jusqu’à repérer les incivilités de chacun et ensuite tenir un fichier qui autorise ou refuse certaines prestations ? On peut alors imaginer comme sanctions des accès refusés aux universités pendant 1 ou 2 ans, des difficultés à obtenir un logement social ou une chambre en cité U, des majorations d’impôts, ou des suspensions d’aide sociale …

Bien sûr tout cela ne fait pas partie du monde idéal auquel chacun de nous rêve au moins un peu, mais il faut prendre nos sociétés telles qu’elles sont. Comme le dit Edgar Morin (2) « La seule chose qui puisse protéger la liberté, à la fois de l’ordre qui impose et du désordre qui désintègre, est la présence constante dans l’esprit de ses membres de leur appartenance solidaire à une communauté et de se sentir responsable à l’égard de cette communauté ». Mais le manque grandissant de valeurs communes, la part sans cesse plus importante de nos populations vivant seulement dans un présent immédiat, sans réel souci du bien commun et ne mesurant pas les conséquences de ses actes, tout cela plaide pour que nos démocraties retrouvent le chemin d’un contrôle social renforcé. Car je ne sais si ces outils de surveillance remettront obligatoirement en question notre système de valeurs, mais je crois surtout que le non-respect des règles, qu’elles soient de prudence sanitaire ou de convivence, mine déjà gravement notre ordre démocratique. De plus, face au tournant écologique sévère que doivent prendre nos sociétés (3), comment croire au respect de règles contraignantes par l’ensemble de nos concitoyens sans un contrôle social efficace : que ce soit en matière d’écologie ou de santé publique, le choix de la vie a un prix et le temps des bisounours est passé.

___________________________________________________________

1 : « Safari ou la chasse aux Français » Philippe Boucher, Le Monde du 21 mars 1974 ; article fondateur en partie à l’origine de la création de la CNIL sous le septennat de V. Giscard d’Estaing.

2 : in « Changeons de voie. Les leçons du coronavirus », Denoël, juin 2020, ISBN 978-2-207-16186-9

3 : il ne faut bien sûr pas oublier que le mouvement écologique s’est construit dans les années 70 en grande partie sur le refus d’une société policière que selon lui la multiplication des centrales nucléaires, avec leur dangerosité intrinsèque, imposerait à terme. Mais nous sommes un demi-siècle après, et les termes du débat ont évolué. D’où l’intérêt de s’interroger sur l’intérêt et/ou la nécessité d’un contrôle social plus fin pour conduite notre société et les individus qui la composent à respecter enfin les limites de notre biotope. Cette question trouve d’autant plus son importance que la régulation par les prix (cf. la taxe carbone) a montré ses limites avec l’affaire des Gilets Jaunes, et qu’une limitation par la réglementation – et donc son contrôle effectif - redevient d’actualité.

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20 juin 2020 6 20 /06 /juin /2020 18:04

Le progressisme est en porte-à-faux avec les grands impératifs de notre temps que sont la décélération, la déconnexion et la décroissance, surtout démographique, comme l'avait bien vu Lévi-Strauss.

A. Finkielkraut (02/05/2017)

 

 

 

Pour une Écologie de la Résilience

 

Ce texte s’inscrit dans la conjecture d’une incapacité de la société industrielle mondialisée à poursuivre sa course technologique sans détruire de manière irréversible, à l’horizon d’une génération, les équilibres systémiques planétaires qui ont permis et accompagné depuis quelque dix mille ans l’avènement de l’humanité.

Il porte un projet, limité à la France, de décroissance économique et démographique, dans le contexte, sans doute subi, d’une contraction du commerce international et d’une relocalisation de la production. Dans ce contexte, l’Etat et les autorités décentralisées, aux ressources amoindries, auront pour première mission d’assurer la protection physique et la sécurité alimentaire de la population, ainsi que de veiller aux conditions générales de la santé publique.                                                                               

I : Protectionnisme / Economie de marché / Dette

L’un des enjeux majeurs d’un projet écologiste doit être de relocaliser la production des biens agricoles et industriels, de manière à les rapprocher de leurs lieux de consommation, tout en assurant la résilience du pays et de ses territoires en cas de rupture des approvisionnements ou de pénurie énergétique (1).

Le mode de production qui s’est avéré le plus efficace dans l’allocation des ressources est celui de la libre entreprise, en ce qu’il est fondé sur la responsabilisation des agents économiques sur des critères économiques. C’est aussi historiquement le seul qui se soit montré compatible avec une société de liberté, la liberté politique étant logiquement tributaire de la liberté économique. Cependant, la puissance publique doit garder la capacité :

  • de réguler l’activité des entreprises de manière à protéger les écosystèmes ;
  • d’assurer les missions régaliennes de l’Etat : défense, sécurité intérieure, état de droit, recherche ;
  • de fournir des services, en matière de santé et d’éducation, financés par l’impôt.

La dette, publique et privée, entretient artificiellement la croissance et l’emploi dans une économie qui n’est plus en mesure de répondre, sans importations massives, aux besoins élémentaires de la population. Elle rend la France dépendante de ses prêteurs, limitant sa souveraineté (2). La doctrine officielle est que la dette ne peut être résorbée que par la croissance économique, censée générer les ressources nécessaires à son propre remboursement, mais la réalité est qu’elle n’a cessé d’augmenter depuis 40 ans malgré une croissance économique à peu près constante. Elle devra désormais être remboursée dans une trajectoire de décroissance, ce qui rendra cette résorption plus difficile.

  1. Rétablir des droits de douane, aux frontières extérieures et intérieures de l’Europe, pour protéger la production nationale dans l’agriculture et l’industrie.
  2. Réduire le volume des importations en pourcentage de celui du Pib.
  3. Garantir la liberté d’entreprendre, mais dans un cadre régulé par des normes contraignantes et des prélèvements obligatoires, destinés à protéger les écosystèmes, à assurer le fonctionnement des services publics et à maintenir les équilibres sociaux.
  4. Réduire la dépense publique, par la baisse des transferts sociaux (3), des effectifs de la fonction publique et des subventions aux entreprises ou aux associations, de manière à réduire la dette publique à moins de 60 % du Pib.
  5. Réduire l’endettement privé, en limitant l’offre de crédit et en augmentant le niveau obligatoire des fonds propres des banques commerciales.
  6. Orienter l’économie vers une déflation limitée.

II : Démographie / Immigration

Abandon du natalisme

Nul ne sait vraiment aujourd’hui combien d’habitants pourraient être nourris par la seule production agricole du territoire national, avec une agriculture sans pétrole, sans engrais azotés et sans pesticides, soucieuse de la condition animale et de la biodiversité, dans un pays où 99 % de la population n’a pas de formation agricole, où les terres arables sont abîmées par la pratique de l’agriculture intensive et où il ne subsiste que 15 000 chevaux de trait.

En revanche, il ressort des données de l’ONG Global Footprint Network que la France a une empreinte écologique 1,85 fois égale à sa bio-capacité, ce qui veut dire qu’à son niveau actuel de consommation, la population française utilise des ressources naturelles et produit des déchets pour une valeur supérieure de 85 % à la capacité physique du territoire à produire des ressources renouvelables et à absorber des déchets. Pour que l’empreinte écologique du pays ne dépasse pas sa bio-capacité, c’est-à-dire qu’elle respecte les capacités de renouvellement des ressources naturelles du territoire, il faudrait :

  • soit diviser le niveau de la consommation moyenne par 1,85 ce qui donnerait un smic brut mensuel de 822 € (4) à population et à répartition des revenus inchangées ;
  • soit réduire la population dans une proportion de 1,85 ce qui correspondrait à une France de 36,2 millions d’habitants (5) à consommation moyenne inchangée ;
  • soit encore réduire la consommation et la population dans une proportion cumulée de 1,85.

La France ne manque pas d’habitants, bien au contraire. La politique nataliste menée depuis la Libération n’a aujourd’hui d’autre finalité que d’accompagner la logique de croissance du système économique, en dopant la consommation et en équilibrant la pyramide des âges de façon à financer les retraites. Elle aggrave notre empreinte écologique et rend la vie quotidienne de chacun plus difficile.

Immigration

Avec plus de 255 000 nouveaux titres de séjour délivrés en 2018 et au moins 100 000 entrées irrégulières sur le territoire national (6), l’immigration de personnes non communautaires représente, très loin devant le solde positif des naissances sur les décès, le principal facteur de l’augmentation de la population globale. Une politique de décroissance démographique ne peut ignorer l’incidence majeure des phénomènes migratoires. Elle doit comporter un volet de réduction de l’immigration légale dans ses deux composantes principales : l’accueil des étudiants étrangers et le regroupement familial.

Concernant l’immigration clandestine, l’action préventive visant à empêcher l’entrée illégale des étrangers sur le territoire doit être privilégiée par rapport aux mesures ostentatoires mais coûteuses et peu efficaces de reconduites à la frontière.

  1. Supprimer les allocations familiales au-delà du deuxième enfant.
  2. Reculer de trois ans l’âge légal du départ à la retraite pour répondre au déséquilibre financier résultant du vieillissement de la population.
  3. Réduire l’immigration légale en limitant les conditions de délivrance des titres de séjour, en matière d’accueil des étudiants étrangers et de regroupement familial.
  4. Réduire l’immigration illégale, d’une part en révisant les accords de Schengen, d’autre part en renforçant les capacités de Frontex et de la police aux frontières.
  5. Stabiliser la population française en dessous de 70 millions d’habitants vers 2030 et amorcer ensuite sa diminution.

III : Transports / Tourisme

Le droit d’aller et de venir est fondamental dans une société de liberté. Mais il ne doit pas être assimilé à un droit à la mobilité qui consisterait à mettre à la disposition de chaque humain les moyens matériels et financiers de parcourir le monde selon ses envies. L’extension des déplacements aériens, générateurs d’émission de gaz à effet de serre (GES), aggrave les conditions de vie sur la planète. Leur restriction risque de pénaliser la France, première destination touristique mondiale (7), mais elle est indispensable.

De la même manière, les transports routiers de marchandises sur de longues distances comme les déplacements quotidiens en véhicules individuels motorisés contribuent au réchauffement climatique et à la pollution de l’air. Il est donc souhaitable de favoriser des alternatives fondées, pour le transport des marchandises, sur le raccourcissement des circuits de distribution et le ferroutage, et pour les déplacements de personnes, sur la promotion des transports collectifs et des mobilités douces.

  1. Instaurer une taxe aéroportuaire significative (8) sur l’ensemble des vols à l’arrivée et au départ des aéroports français.
  2. Supprimer les vols intérieurs, si les villes desservies sont reliées par train en moins de 3 heures.
  3. Instaurer une écotaxe intérieure sur les transports routiers de marchandises.
  4. Augmenter le prix des carburants et des péages routiers, et décréter un moratoire immédiat sur la construction d’autoroutes.
  5. Ne plus conditionner à l’achat d’un nouveau véhicule l’allocation de la prime à la casse.
  6. Brider la vitesse des automobiles immatriculées en France à 160 km/h dès 2023.
  7. Interdire l’accès des navires de croisière aux ports et eaux territoriales français.
  8. Renoncer à l’organisation à Paris des Jeux Olympiques de 2024, quel que soit le montant des pénalités de forfait.

IV : Energie / Logements et bâtiments publics / Exode urbain

Résilience énergétique

La résilience énergétique consiste principalement en la réduction de la consommation d’énergie. Elle devrait conduire à l’abandon des énergies fossiles : pétrole, charbon, gaz. A terme, l’énergie utilisée ne devra pas dépasser les capacités offertes par la force humaine et la traction animale, par l’usage du vent et des courants marins et fluviaux, par l’énergie solaire et, de manière modérée, par la biomasse. Cela correspond à la quantité d’énergie disponible au XVIIIe siècle, même si celle-ci peut être mieux exploitée aujourd’hui grâce au progrès scientifique.

Le rôle du nucléaire

Toutefois, cet abandon des énergies fossiles ne peut être que progressif et ne sera rendu possible qu’à la suite de modifications importantes de nos comportements en matière de transports et de chauffage urbain, comme de nos méthodes de production dans l’agriculture et dans l’industrie.

Au contraire, l’énergie nucléaire, largement décarbonée (9), devrait demeurer pour plusieurs décennies l’une des composantes importantes de notre production d’électricité, de manière à accompagner la transition et la rendre socialement plus supportable. Un tel choix implique toutefois que les normes de sécurité soient renforcées et strictement appliquées.

Malgré cette contrainte, le nucléaire est en mesure de produire de l’électricité à un coût moins élevé que celui de l’éolien ou du photovoltaïque, avec surtout une souplesse d’utilisation bien supérieure. Enfin, l’abandon du nucléaire civil pourrait préjudicier à la nécessaire modernisation de notre force de dissuasion.

Isolation des bâtiments

Une autre cause majeure du réchauffement climatique est l’émission de GES générée par le chauffage des bâtiments une grande partie de l’année et par leur rafraîchissement durant l’été. La part importante du nucléaire dans le mix énergétique contribue à la limitation de ces émissions mais ne peut tenir lieu de panacée. Il est nécessaire de faire baisser la consommation d’énergie, en isolant les locaux de bureaux et d’habitation et en réduisant les dépenses de confort : l’Etat et les collectivités locales doivent donner l’exemple en imposant des économies d’énergie aux services placés sous leur autorité.

Exode urbain

Enfin la métropolisation, forme urbaine de la mondialisation, corrélée à l’installation d’un lourd réseau d’infrastructures de transports, accroît l’empreinte écologique globale et participe à la destruction de l’environnement. Dès à présent, les pouvoirs publics doivent inscrire la gestion spatiale du territoire dans la perspective d’un inéluctable exode urbain.

  1. Augmenter le prix de l’énergie (fuel, carburants, gaz, électricité) payés par les particuliers et les entreprises.
  2. Sécuriser et moderniser la filière nucléaire.
  3. Baser la réduction des émissions de GES sur la baisse de la consommation d’énergie plutôt que sur le recours massif aux ENR.
  4. Geler la construction nette de logements dans les aires métropolitaines de plus de 500 000 habitants (10).
  5. Isoler progressivement l’ensemble des bâtiments publics existants et interdire la construction de nouveaux bâtiments par l’Etat ou les collectivités locales qui ne soient pas à énergie positive.
  6. Interdire progressivement aux bailleurs sociaux et privés de donner à bail des locaux non isolés.
  7. Interdire le chauffage des bâtiments publics comme des établissements et commerces ouverts au public, hors hôpitaux et maisons de retraite, au-dessus de 18°C ainsi que leur climatisation en dessous de 30°C.

V : Biodiversité / Condition animale / Santé publique

Artificialisation des terres et déforestation

Chaque année, 60 000 ha de terres agricoles sont transformés en logements, bureaux, routes, parkings, carrières, aires commerciales et de loisirs, jardins individuels. Cela représente plus d’un millième du territoire national et plus de deux millièmes de la surface agricole du pays. Au bout de dix années, c’est la superficie moyenne d’un département français qui est ainsi perdue, en réalité de deux départements si l’on rapporte cette perte à la surface agricole utile (SAU).

Une telle hémorragie, en augmentation depuis les années 2000, compromet notre souveraineté alimentaire et, réduisant les espaces naturels, contribue à l’effondrement de la biodiversité.

Elle se double de ce que l’on a nommé la déforestation importée, qui consiste en la consommation de produits importés – soja transgénique pour l’alimentation du bétail, huile de palme utilisée comme agrocarburant ou pour l’alimentation humaine – issus de la déforestation massive au Brésil, en Indonésie et en Malaisie (11).

Condition animale

Les vidéos des établissements dans lesquels sont élevés et abattus les animaux destinés à la consommation humaine : bovins, porcs, volailles, en contradiction avec les prescriptions du code rural (12), ont sensibilisé l’opinion à la maltraitance animale. Celle-ci résulte moins d’actes individuels de cruauté que de l’organisation méthodique d’un système qui traite les animaux comme des marchandises, sans considération de leur souffrance : l’élevage intensif.

L’interdiction de cette forme d’élevage ne peut être immédiate car elle ruinerait un grand nombre d’exploitations de la filière agro-industrielle, mais elle doit être progressive et engagée sans délai. Pour cela, il faut obliger les éleveurs à se conformer aux impératifs biologiques des espèces dont ils ont la garde, tout en protégeant leurs exploitations de la concurrence des pays qui pratiquent les méthodes de l’élevage intensif.

Santé-Environnement

La pollution de l’air et des sols n’est pas due à l’incivisme ou à la négligence de telle ou telle catégorie d’agents, elle est la conséquence mécanique des modes de production, de distribution et de consommation des sociétés dans lesquelles nous vivons. La santé publique est devenue la variable d’ajustement d’un système économique, tourné prioritairement vers la productivité et la compétitivité. Il appartient aux responsables politiques d’inverser ces priorités et d’imposer des choix principalement dictés par la santé de la population, l’économie devant être mise au service des hommes et non l’inverse.

  1. Etablir des plans départementaux d’arrêt progressif et chiffré de l’artificialisation des sols, avec l’objectif d’aboutir à une artificialisation nulle dans l’ensemble du territoire en 2030.
  2. Décréter un moratoire immédiat de toute aide publique à la création de parcs de loisir.
  3. Interdire l’importation de produits issus de la déforestation : soja transgénique et huile de palme.
  4. Adopter des normes en matière d’élevage conformes aux impératifs biologiques des différentes espèces, conduisant à l’abandon progressif et accompagné de l’élevage intensif.
  5. Imposer l’obligation d’étourdissement dans les abattoirs.
  6. Interdire l’importation d’animaux et d’aliments d’origine animale provenant de pays ne respectant pas ces règles d’élevage ou d’abattage.
  7. Interdire immédiatement l’épandage des pesticides au-delà d’une zone tampon de 50 mètres en bordure des habitations ; interdire totalement les pesticides en 2025.
  8. Interdire la commercialisation des voitures et fourgons à moteur diesel (neufs et d’occasion) dès 2025.
  9. Protéger les eaux souterraines et de surface contre la pollution d’origine agricole, par l’application effective de la directive « nitrates » du 12 décembre 1991, notamment en Bretagne et en Picardie-Nord-Pas-de-Calais.

VI : Institutions

A l’heure de la décroissance et de l’exode urbain, il est souhaitable que les lieux de la décision politique soient les plus proches possible des citoyens afin d’accompagner, au niveau des institutions, le mouvement de relocalisation de l’économie.

Il convient donc de transformer les relations entre l’Etat et les collectivités territoriales en renforçant les compétences de celles-ci, et en particulier des régions, de préférence dans leurs limites d’avant la réforme de 2015.

  1. Doter les régions de compétences propres, exclusives de celles de l’Etat.
  2. Leur conférer une partie du pouvoir législatif dans leur sphère de compétence, incluant le droit de lever l’impôt, ainsi que la tutelle des collectivités locales sises sur leur territoire.
  3. Leur attribuer la gestion des principaux services publics – santé, éducation, police, justice – par application du principe de subsidiarité.
  4. Maintenir à l’Etat, par application du même principe, la défense du territoire et la diplomatie, la monnaie continuant à relever de la BCE.

VII : Défense / Europe / International

Défense

Avec 551 000 km², la France métropolitaine représente 0,37 % des terres émergées de la planète (13). Les 67 millions d’habitants qui vivent sur son territoire, y compris les dom-tom, ne représentent plus que 0,86 % de la population mondiale. Sans profondeur géographique, avec une population de taille modeste et devant néanmoins assurer la protection de la deuxième plus grande zone maritime du monde, la France est devenue plus vulnérable dans un contexte de montée des tensions géopolitiques et des migrations, marqué par un réarmement généralisé des grandes puissances (14).

Union Européenne

Le traité de Rome (1957) puis l’Acte unique (1986) prévoient la création d’un marché intérieur européen fondé sur les « quatre libertés » : liberté de circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes. Depuis l’instauration effective de ce marché, au début des années 1990, la Commission européenne a fait le choix d’une politique libre-échangiste à l’égard des pays tiers, par une sorte d’osmose entre les relations commerciales intérieures et celles extérieures de l’Union. Sous couvert de supprimer les obstacles « non tarifaires » aux échanges internationaux, les traités négociés par la Commission ont remis en cause différentes normes protectrices, européennes ou nationales, en matière de santé publique et d’environnement.

Par ailleurs, le système institutionnel issu des traités et du droit dérivé tend à s’affranchir de l’imperium traditionnellement attaché au vote populaire. Les règles de droit et les lois du marché non seulement priment sur la souveraineté des Etats, mais encore sont hors d’atteinte du vote démocratique des peuples (15).

Enfin, la politique de commerce international de Commission, fondée sur la théorie ricardienne de l’avantage comparatif, accentue la division internationale du travail et l’intégration des pays européens dans l’économie globalisée, sans que soient pris en compte les graves dommages environnementaux générés par la mondialisation.

International : la Grande Europe

Les alliances entre les nations sont moins déterminées par des considérations idéologiques que par la géographie et par l’histoire. L’Europe ne peut construire son avenir contre la Russie, ni même sans la Russie, héritière de l’empire byzantin et d’une civilisation chrétienne remontant au IXe siècle, dotée d’un immense territoire et de la deuxième armée du monde.

Sans rien céder sur la philosophie des Lumières et le respect des droits de l’homme, qui sont une part constitutive de la culture européenne, il est temps de mettre fin à l’affrontement avec la Russie, préjudiciable pour tous, et de construire ensemble le partenariat stratégique de la Grande Europe de Lisbonne à Vladivostok.

  1. Maintenir la capacité opérationnelle actualisée des forces armées française, y compris dans leur composante de dissuasion nucléaire, et porter le budget de la défense à 3 % du Pib d’ici à 2030.
  2. Orienter la construction européenne vers une confédération, régie par le principe de subsidiarité, dans laquelle les Etats recouvrent la majeure partie de leur souveraineté.
  3. Promouvoir une conférence réunissant la Russie, le Royaume-Uni, l’Union Européenne et les autres Etats du continent pour jeter les bases d’un avenir commun et d’une défense commune de la Grande Europe.

Conclusion

La décroissance ne sera possible qu’avec une baisse substantielle du niveau de consommation et des services publics (16). Elle s’accompagnera d’un exode urbain qu’il faudra réguler. Toutes les classes sociales seront atteintes, sans que par un effet de magie les inégalités, qui ne se sont pas réduites durant des siècles de « progrès », disparaissent d’un seul coup.

La décroissance créera des emplois dans une agriculture respectueuse de la nature et dans une industrie relocalisée, mais en fera disparaître d’autres, en plus grand nombre au début, dans les services et dans l’administration, faute de demande solvable de la société civile et de ressources suffisantes de l’Etat et des autorités publiques.

La sobriété heureuse, comme la croissance verte, est un paradigme illusoire, inspiré des solutions « gagnant-gagnant » de la pensée néo-libérale.

Pour sauver l’essentiel, notre survie en tant que peuple, nous devons entrer, avec les restrictions que cela implique, dans une économie de guerre.

 

(Ce texte a été proposé comme base de réflexion programmatique aux journées d’été de 2019 du Mouvement Écologiste Indépendant. Il ne fait naturellement pas référence à l’épidémie de Covid-19. Il n’engage que son auteur).

Gilles Lacan (10/08/2019)

________________________________________________________________________________

Notes

1. Le volume des importations rapporté à celui du Pib est passé de 12 % en 1962 à 32,1 % en 2018. Source : Banque Mondiale.

2. La dette publique française était de 2 359 milliards d’euros au premier trimestre 2019, soit 99,6 % du Pib. Elle était de 58,6 % du Pib au premier trimestre 2002. Source : JDN.

3. Les dépenses de protection sociale s’élevaient à 775 Mds € en 2017, soit 34 % du Pib, ce qui classe la France au premier rang en Europe. 46 % de ces sommes sont consacrées à la vieillesse, 35 % à la santé. Source : ministère des solidarités et de la santé.

4. En pouvoir d’achat mensuel, l’équivalent du smic en 1973 (avec la semaine de 40 heures).

5. Soit 35 millions d’habitants en métropole, correspondant à la population française en 1842.

6. La grande majorité des personnes entrées irrégulièrement forment une demande d’asile, ce qui permet d’en connaître approximativement le nombre.

7. La France a accueilli 90 millions de touristes étrangers en 2018. Le secteur du tourisme (450 millions de nuitées par an) représente plus de 7 % du Pib. Source : ministère de l’économie.

8. Comme ordre de grandeur, cette taxe pourrait être de 60 € pour les vols nationaux, de 100 € pour les vols européens et de 150 € pour les vols internationaux.

9. La production d’énergie électrique par les centrales nucléaires est consommatrice de pétrole, ne serait-ce que pour l’extraction et le transport de l’uranium ou la construction de la centrale elle-même. Mais l’émission globale de GES nécessaire à la production d’1 MW d’électricité par une centrale nucléaire est bien plus faible que celle nécessaire à la même production par une centrale thermique. En 2016, les émissions de GES étaient de 11,4 tonnes d’équivalent CO2 par habitant en Allemagne et de 7,1 tonnes en France. Source : Eurostat.

10. Paris, Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice.

11. Les forêts constituant le deuxième puits de carbone après les océans, la déforestation accélère le réchauffement climatique.

12. « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. » Art. L. 214-1 du code rural et de la pêche maritime.

13. La Russie représente 11,48 %, les Etats-Unis 6,60 % et la Chine 6,44 % des terres émergées.

14. Entre 2000 et 2016, le budget militaire de la France a augmenté de 13 %, celui des Etats-Unis de 43 %, celui de la Russie de 239 % et celui de la Chine de 423 %. En termes de dépenses militaires, la France est passée durant la même période de la 2e à la 5e place mondiale. Source : SIPRI.

15. « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » a déclaré Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, dans une interview au Figaro, le 28 janvier 2015.

16. Les seuls pays ayant significativement diminué leur empreinte écologique sont l'URSS et les pays du Comecon, après l'effondrement de leur appareil industriel et de leur bureaucratie au début des années 1990, ainsi que Cuba à la même période, après l'arrêt de l'aide soviétique. Il faut y ajouter la Grèce, lors du plan d’austérité mis en œuvre entre 2008 et 2013. Source : Global Footprint Network.

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29 avril 2020 3 29 /04 /avril /2020 10:24

L’épidémie de coronavirus, a mis en avant la nécessité de changer de modèle de société. Partout s’élèvent aujourd’hui des voix pour nous appeler à remettre en cause plusieurs des dogmes de nos économies modernes : la mondialisation, la croissance à tout prix, l’urbanisation, la densification des territoires. De façon générale, c’est la course à la démesure qui est justement dénoncée.

Or, dans 4 ans, Paris se propose d’organiser les Jeux Olympiques.

De tels jeux s’opposent sur presque tous les plans aux directions que nous devrions prendre.

Par leur gigantisme ils supposent la construction de lourdes infrastructures artificialisant toujours plus les territoires. Par leur caractère mondial ils généreront de nombreux déplacements énergétiquement coûteux et susceptibles de favoriser la propagation de nouvelles épidémies.

Ils entretiendront l’esprit de compétition et le nationalisme quand la coopération devrait être le mot d’ordre. Enfin, ils seront financièrement très lourds au moment où les budgets publics sont déficitaires et où les dépenses devraient être prioritairement consacrées à l’adaptation de nos sociétés à un monde plus résilient et plus respectueux de l’environnement.

N’organisons pas les Jeux Olympiques. Il existe déjà beaucoup de compétitions sportives et un tel renoncement constituerait un excellent symbole d’une réelle volonté de changer les choses et d’aller vers un monde plus durable.

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25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 12:04

Sous le titre « Un monde à réensauvager » et sous la plume de Vincent Nouyrigat, le magazine Science & Vie publie dans son dernier numéro (*) un article sur les vertus d’une politique de protection de l’environnement, consistant à … ne rien faire ! Se contenter d’abandonner les territoires et laisser la nature rétablir elle-même les équilibres.

Cette politique, probablement la seule valable, même si l’on peut initialement envisager quelques interventions comme la réintroduction d’espèces, va à contre-courant de bien des stratégies menées ces dernières décennies. Encore aujourd’hui, l’on s’évertue à éliminer les bois morts alors qu’ils constituent un élément essentiel des milieux forestiers.

L’auteur rappelle avec raisons trois caractéristiques des écosystèmes naturels : la complexité via la multiplicité des interactions, la nécessité des migrations animales et végétales sans entraves et le rôle déterminant du hasard. Ces trois règles ont modelé la vie depuis ses débuts

La nature n’a besoin que d’une chose : de l’espace et du temps ! Depuis 500 millions d’années, la Terre héberge une grande faune. En quelques millénaires l’homme à presque tout détruit, pouvons-nous, au regard de ce constat nous prévaloir d’une quelconque compétence écologique ?

Contrairement à une tendance en vogue même dans les sphères de l’écologie militante, l’Homme ne doit pas être le jardinier de la planète, il ne doit pas prendre en charge sa santé, il doit juste ne pas intervenir.

C’est aussi une excellente leçon de modestie quant à notre rôle et notre façon de nous intégrer à la nature. Nous en faisons partie, mais nous n’en sommes ni les maîtres ni même les gestionnaires.

Cette vision, assez proche de celle de James Lovelock suppose bien entendu de partager l’espace, d’être moins nombreux, de respecter le reste du vivant.

_________________________________________________________________________________

(*) Science & Vie, numéro 1232, mai 2020, p.109 à 114, article de Vincent Nouyrigat.

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8 avril 2020 3 08 /04 /avril /2020 18:44

Un article de Daniel Martin

L’utilisation des données personnelles des smartphones pour « tracer » les personnes contaminées par le Covid-19 fait partie des outils qu’étudie le gouvernement pour lutter contre l’épidémie et préparer un déconfinement progressif le moment venu. Mais attention, n’ouvre-t-on pas une boite de Pandore ?

 

Concernant les mesures de confinement par « traçage ou tracking », déclarations contradictoires du Ministre de l’intérieur.

Par rapport à la mise en place dans plusieurs pays asiatiques et européens concernant l’utilisation des données personnelles des smartphones pour « tracer » les personnes contaminées par le Covid-19, le 26 mars, sur France 2, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner balayait l’hypothèse en ces termes: «Ça n’est pas notre souhait… Je crois que ce n’est pas la culture française.» Toujours sur France 2, dix jours plus tard, Le même Christophe Castaner, assure désormais que le pistage «sera retenu et soutenu par l’ensemble des Français» à condition de respecter les libertés individuelles et de lutter contre le virus…

Ce « traçage » serait-il utilisé sur la base du volontariat, comme l’avait assuré le premier ministre ? Là encore, on est dans le flou, car le discours n’est pas clair. «Je ne peux pas vous dire», a évacué le ministre de l’intérieur Castaner lundi matin sur France info, précisant que le gouvernement était en lien sur cette question avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés de France (CNIL).

Avec des déclarations contradictoires, cela pose incontestablement la question des libertés individuelles et secoue la majorité parlementaire.

Il y a des partisans du « traçage »

Dans le Figaro du 8 Avril, «En ce moment, c'est la phase de confinement où tout le monde reste chez soi, a rappelé en préambule Mounir Mahjoubi. » Là on réfléchit à l'après, dès le début du «déconfinement», donc, le député LREM est favorable à la mise en place du «contact tracing». Selon lui «Le seul objectif du traçage est de sauver des gens. Quand des patients seront testés positifs, cela leur permettra d'identifier les gens qu'ils ont croisés dans les 15 derniers jours. C'est ce qu'on appelle le contact tracing.» Mounir Mahjoubi a insisté sur le fait que «plusieurs entreprises, dont certaines en France, sont déjà en train de travailler sur ce système.» Autrement dit, pour le Député et ancien ministre Mounir Mahjoubi, afin de « sauver des vies » cet argument fort louable va servir pour passer à un palier supérieur dans l’usage dévoyé des « intelligences artificielles » au service d’une déclinaison liberticide inévitable, malgré toutes les précautions prises...

Mais il y a aussi des opposants

«Je refuse qu’on puisse restreindre la liberté d’un individu en fonction de son état de santé », considère Guillaume Chiche, député LREM des Deux-Sèvres, qui prend l’exemple des personnes séropositives. « Même si cela s’applique sur la base du volontariat, la pression morale sera telle que ça deviendra demain une règle de technologie. On ne sort pas d’une crise sanitaire pour entrer dans une crise de défiance des libertés individuelles.»

«Je serai extrêmement réservé sur ce sujet », prévient Roland Lescure, président LREM de la commission des affaires économiques, quand. Le patron de LREM, Stanislas Guerini, se dit de son côté «allant et ouvert». «Je suis favorable à ce qu’on se donne tous les outils pour pouvoir vaincre le virus, y compris les outils de traçabilité de façon encadrée et bornée dans le temps», a-t-il fait savoir, lors d’une conférence de presse virtuelle.

Le député Pierre Person, numéro deux de LREM s’insurgeait et ne déclarait-il pas, lors d’un bureau exécutif, «Venir limiter la plus fondamentale des libertés, c’est indirectement affaiblir toutes les autres » ?

En règle générale, les députés qui se situent à l’aile gauche de LREM expriment déjà leur franche hostilité et ne peuvent imaginer Emmanuel Macron, qui s’est jusqu’ici posé en champion des démocraties libérales, s’engager sur ce terrain glissant.

Est-ce que nous voulons vivre dans une société où l’État sait en permanence qui fait quoi et se trouve où ?

Avec la nouvelle révolution des « intelligences artificielles », nous sommes entrés, à partir de la fin des années 2000, dans ce que les experts du forum économique mondial de Davos dénomment 4ème révolution industrielle. Aujourd’hui, par nos téléphones portables et les réseaux sociaux d’internet on sait déjà presque tout de nous et cela ne va pas cesser, mais empirer et à bien des égards de rappeler un jour « 1984 » de Georges Orwell.

Comme l’a indiqué Didier Barthès dans un article très réaliste sur le blog Economie Durable intitulé «Coronavirus, le plus court chemin de 2020 à 1984» où il déclare notamment : « L’urgence s’est refermée comme un piège implacable sur la plus évidente et la plus simple des libertés, celle d’aller et venir sans en rendre compte, en tout anonymat. Sous le poids d’une priorité supérieure, ce socle de nos démocraties a volé en éclat en deux jours seulement, du matin d’un dimanche où l’on nous demandait d’aller voter au matin du mardi où mettre le nez dehors devenait un délit ». Et de rajouter  un peu plus loin: «Demain sans doute, sauf à envisager un effondrement général des sociétés, de nouvelles technologies rendront la surveillance toujours plus facile et les manquements toujours plus aisés à repérer et sanctionner.   ». Ou encore : « L’hypothèse qu’un jour chaque humain se voit implanter une puce déclinant son identité et moult renseignements n’est plus interdite, certains y adhèrent. Tous les déplacements pourront alors être surveillés, et enregistrés à jamais. Il ne sera même pas nécessaire de l’imposer, il suffira simplement de rendre impossible la vie à ceux qui n’en seront pas munis, comme il est difficile désormais de vivre sans internet, sans carte bancaire, sans portable ». 

Attention : l’engrenage liberticide dans lequel nous ne cessons de mettre chaque jour un peu plus le doigt ne peut que nous absorber totalement en générant une dictature par le numérique

Si la nouvelle révolution numérique offre des avantages incontestables pour la réduction des mobilités domicile-travail, mais aussi pour d’autres actes de la vie quotidienne, y compris pour la santé, tout en s’accompagnant d’inconvénients, elle peut aussi être dévoyée progressivement vers des rivages liberticides, notamment, via certains usages, dont le « traçage » individuel. Il sera d’autant mieux accepté par la population, qu’il sera justifié au nom d’un impératif majeur que sont la santé et la vie de nos concitoyens, mais aussi par d’autres arguments.

Si actuellement le climat et la gravité de la situation écologique est passé au second plan des préoccupations mondiales, dont la question démographique qui cependant ne le fût guère et si la pollution de l’air a clairement décru dans toutes les agglomérations, certains n’hésitent pas à affirmer que la crise sanitaire que nous vivons serait un rappel de la « nature », troublée par notre mode de vie désastreux.

S’il est vrai que notre mode de vie et une croissance démographique explosive sont responsables d’une situation écologique et climatique désastreuse, l’argument de punition de la nature par le Covid-19 est-il valable et ne risque-t-il pas de cacher autre chose ?

Punis par dame « nature », nous devrions expier, expier toujours, fut-il au prix des libertés essentielles. Sans compter que certains n’hésitent pas à raccorder ce qui est en train de se passer dans le monde à cause du Covid-19 avec les théories des collapsologues, ce qui a de quoi surprendre, car le lien entre ces deux phénomènes n’est pas très réaliste. Au nom de cette punition par « dame nature », cela peut même en ces circonstances contribuer à couvrir des mesures gouvernementales parmi les plus liberticides au nom d’un bien qui punit le mal par des sanctions méritées, afin de réparer le mal que l’homme lui a fait… Ainsi les restrictions des libertés pour la bonne cause !

Incohérences et calcul politicien pour mieux imposer des mesures impossibles à annuler ultérieurement ?

Pendant que l’on ratisse les plages ou les espaces verts des communes à la recherche de la vieille dame promenant son chien, avec l’aide de drones,  on sait que dans les banlieues chaudes tout réel contrôle est devenu impossible,  il parait illusoire d’espérer une distance d’un mètre entre chaque individu. Deux poids deux mesures, on a l’habitude…

Peut-on imaginer que des responsables politiques s’accommoderaient aussi d’une certaine forme de « lâcheté », vis à vis de ces quartiers chauds et d’une population délinquante  dans un but purement politicien ? Par exemple, pourquoi n’inciteraient-ils pas les fabricants de matériel numérique, pour que dans ces banlieues, par d’habiles opérations de marketing, ils encouragent la consommation de ces produits qui ficellent les libertés ? De la surenchère à qui possédera le Smartphone et la console de jeu « dernier cri », de même pour l’ordinateur, cela faisant boule de neige... Ainsi, à leur manière, les voyous de ces quartiers qui empoisonnent la vie des habitants vont, grâce à divers trafics, dont la drogue, et les finances qui vont avec, s’offrir du matériel « dernier cri » et devenir involontairement les auxiliaires du gouvernement, grâce au piège des dernières technologies numériques.

Dans ces banlieues, les responsables politiques n’hésitant pas à évoquer, après celui du Covid-19, l’argument de la lutte contre la délinquance, afin de permettre et justifier un « traçage » progressivement liberticide. Ces mesures, après celles du Coronavirus seraient acceptées béatement par la population, et jamais annulées.

Ailleurs, pour les plus modestes, au nom de la solidarité nationale, dès lors que le « traçage » devient une obligation, l’État n’hésitera pas à mettre directement « la main à la poche » pour doter, gratuitement ou à très faible coût, ces populations en smartphones, voire d’ordinateurs portables. Une forme d’investissement électoral !

Autre exemple d’une ordonnance qui, profitant du Covid-19, restreint des libertés en déréglementant des dispositions qui les protègent

En application de la loi d’urgence n° 2020-290 du 23 mars 2020 pour faire face à l’épidémie du Coronavirus, 25 ordonnances ont été prises par le Conseil des ministres.

La 6ème ordonnance, n° 2020-320 du 25 mars 2020, a été confirmée au JORF n° 0074 du 26 Mars 2020, texte 45, et  selon cette ordonnance,  quatre procédures administratives préalables en vue de l'implantation ou de la modification d'une installation de communications électroniques sont ainsi aménagées :


- suspension de l’obligation de transmission d’un dossier d’information au maire ou au président d’intercommunalité en vue de l’exploitation ou de la modification d’une installation radioélectrique.

- possibilité pour l'exploitant d'une station radioélectrique de prendre une décision d'implantation sans accord préalable de l'agence nationale des fréquences.
- réduction du délai d’instruction des demandes de permissions de voirie.
- dispense d’autorisation d’urbanisme pour les constructions, installations et aménagements nécessaires à la continuité des réseaux et services de communications électroniques ayant un caractère temporaire. » Ainsi, le gouvernement profite de la pandémie pour déréglementer la téléphonie mobile au risque de l'accroissement des problèmes sanitaires qui y sont liés
(lire ici la suite).

Pour conclure

Plutôt que de culpabiliser et sanctionner, dans ces moments très difficiles, il serait plus efficace de saisir ce qui est vraiment en train de se passer dans notre pays, à savoir un soupçon généralisé sur la sincérité de la parole publique d’une part et un rejet de l’uniformisation annoncée par des règles conduisant à une dérive liberticide, sous couvert de la gravité évidente du Covid-19 d’autre part. Ces dispositions sont très éloignées de nos traditions et de notre philosophie. On peut être par ailleurs confondus devant la propension d’hommes politiques supposés démocrates célébrant les mérites de la coercition généralisée. 

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3 avril 2020 5 03 /04 /avril /2020 10:04

 

Un article de Daniel Martin

Après la crise sanitaire sans précédent du Covid-19, notre monde reprendra-t-il ses « bonnes  et vieilles habitudes » ou nous attarderons nous enfin sur la problématique démographique et l’économie amorcera-t-elle un changement radical ?

Cette crise sanitaire, incomparable à certaines autres nous permettra-t-elle de reconsidérer notre système économique, mais aussi la question démographique ?

Cette grave crise sanitaire aura permis à la majorité de nos concitoyens de mettre en évidence les incohérences, voire certaines absurdités de notre système économique et les limites de la mondialisation. Mais aussi des métiers invisibles qui paraissent soudain essentiels et d’autres plus visibles qui le sont moins ou ne le sont pas.

Par cette crise sanitaire sans précédent, le ralentissement de l’économie est des plus inquiétants d’un point de vue social, démocratique et humain. Toutefois, elle représente une opportunité à saisir pour repenser notre modèle économique. On peut néanmoins s’interroger, tant que la question démographique et ses effets ne sont pas abordés, si on est réellement en mesure de prévoir et anticiper des mesures pour éviter ce genre de choc, ou de mieux les absorber.

Cette crise sanitaire nous recentre également sur des essentiels : l’accès à l’alimentation qui impose les productions essentielles, leur acheminement et leur distribution, à la santé qui a mis en évidence les difficultés inhérent à des erreurs politique de gestion passées, à la relation avec les autres apparaissent ainsi comme des besoins les plus vitaux. Elle questionne également sur l’utilité de certaines activités et les besoins de mise en valeur pour d’autres.

Le Covid-19 sonne comme un rappel des limites démographiques.

Il a fallu un virus particulièrement violent pour nous rappeler le sens des limites et de la mesure, pour nous rappeler notre vulnérabilité, et mettre en évidence la fragilité des systèmes complexes que nous avons construits sans nous soucier de ses effets, notamment par une croissance démographique non régulée. Nous ne contrôlons pas la nature, nous en faisons partie. Quand on détruit annuellement plus de 100 000 km² de terres arables, que l’on déboise et déforeste de façon intensive en détruisant la biodiversité pour l’urbanisation ou des cultures intensives de soja et huile de palme on peut imaginer les effets.

Dans la nature l'animal a besoin d'espace et de vitesse pour survivre. Le prédateur doit disposer de beaucoup d'espace et de vitesse pour pouvoir attraper sa proie et la proie d'espace encore plus vaste et doit courir encore plus vite pour lui échapper. Si l'homme n'a plus besoin de la vitesse pour pouvoir survivre, il doit toutefois disposer d'espace. Avec une perte de 275 km2 par jour de terres arables (100 375 km² par an) sous le béton et l'asphalte, du aux effets de l'urbanisation, des voies de circulation de circulation routières, ferroviaires à grande vitesse, aéroportuaires et une population qui explose, on peut imaginer l'impact écologique ! Chaque jour, on compte 244.000 nouvelles personnes de plus dans le monde (équivalent à la totalité de la population de la ville de Montpellier), soit + 2,7 habitants de plus par seconde (compteur). Autrement dit, la population mondiale s'accroît chaque année de près de 90 millions d'habitants grâce à un nombre de naissances supérieur (environ 150 millions) à celui des décès (60 millions). Elle par ailleurs augmenté d’un milliard pour la décennie 2009-2019, (passant de 6,7 à 7,7 milliards) avec la probabilité d’atteindre les 8 milliards d’habitants en fin 2020... A lire également par ce lien :

A cet effet comme observe l’écologie science, aucune espèce ne peut indéfiniment proliférer au détriment des autres espèces comme le fait l’homme, sans se mettre elle-même en danger et disparaître. Le virus Covid-19 ne serait-il qu’un avertissent parmi d’autres ?

Certes, la médecine par la recherche peut stopper et éradiquer de plus en plus les effets des bactéries et des virus tueurs. Mais on peut s’interroger par rapport à la sélection naturelle inhérente à toutes les espèces animales à laquelle l’homme échappe ainsi de plus en plus, Est- ce que cela ne posera pas un problème majeur sur le plus long terme… Avec pour notre espèce les effets d’affaiblissement moral et physique que l’on peut imaginer et qui seraient tel que le moindre virus pourrait sur le plus long terme éliminer en quelques jours plusieurs milliards d’individus…L’homme, prédateur au sommet de la pyramide des espèces et seul animal culturel oublierait-il qu’il a une double responsabilité : l’une vis à vis des autres espèces et l’autre pour la sienne. Mais il faut prendre acte que cet oubli permanent produit des effets les dévastateurs pour la planète et qu’au fond, par un virus invisible, quand l’homme souffre, la planète souffle... En attendant, la vie continue et la dimension économique ne peut être occultée.

Le Covid-19 signe également un rappel des limites techniques et énergétiques

De même, nous avons à faire face à des limites techniques et énergétiques. Quand les frontières se ferment ou quand le pétrole se met à manquer, c’est toute la chaîne industrielle qui s’effondre. Si au niveau économique cela peut nous réapprendre l’humilité et le bon sens sur le besoin de services publics, de relocalisation d’activités en repensant le rapport au travail et des solidarités informelles, cette crise sanitaire, tout en payant le prix fort avec sa cohorte de victimes n’aura pas été totalement vaine. Mais est-ce cela qui émergera les « jours d’après » ?

Sans recours à un régime politique plus directif, notre démocratie peut-elle imposer les exigences d’un nouvel ordre économique plus conforme aux exigences écologiques?

Remettre en cause les incohérences actuelles du système économique, ne passe-il pas par cesser de concentrer toutes nos productions dans la zone Asiatique, alors que l’on peut produire en France ou en Europe ces importations, ce qui impose des coûts énergétiques considérables pour le transport des produits finis. Certes, cela suppose une reprise en main de l’économie et du système bancaire par le pouvoir politique, éventuellement par des nationalisations ou prise de participation de l’État avec minorité de blocage. Mais cela ne peut se faire que de façon « directive » et concertée au niveau Européen, et non en laissant la « main invisible » du marché libre d’agir au gré des fluctuations boursières…

Faire cesser également certaines absurdités actuelles du système économique

Remettre en cause également l’une des absurdités du système économique est une urgence écologique quand un produit parcours plusieurs itinéraires de longue distance, alors que l’on peut faire plus court par des relocalisations. Il s’agit aussi de mettre un terme aux aberrations d’une production locale qui va faire des milliers de kilomètres pour être transformé ou reconditionner et qui revient ensuite à son point de départ pour être consommée...

Par exemple, En 2017, la distance moyenne parcourue par un produit alimentaire entre son lieu de production et l’assiette du consommateur dépasse la plupart du temps les 2 000 km, et d’autres font jusqu’à 4 800 km ! C’est démentiel ! Il faut se souvenir, par exemple, que le semi-remorque qui a pris feu dans le tunnel du Mont-Blanc, en 1999, était chargé de farine et de margarine belges expédiées en Italie? La margarine devant y être simplement emballée, avant que les paquets ne repartent pour être vendus en… Belgique.

Quand on sait que dix millions de coquilles Saint-Jacques des Côtes d’Armor sont envoyées en Chine pour y être nettoyées avant de revenir en Bretagne se faire garnir… « C’est une question de coût, on ne peut guère faire autrement …» explique un responsable d’une usine bretonne. Sans oublier l’affaire des « lasagnes à la viande de cheval » qui a montré une complexité et une longueur des circuits alimentaires que le consommateur ne soupçonnait pas.

Face à cette folie énergivore et à une agriculture industrielle de plus en plus suspecte, la seule solution est de produire au plus près et de consommer local. Le circuit court peut avoir plusieurs définitions : Aux Etats-Unis c’est une distance de 250 km entre le producteur et le consommateur.  Au Canada, c’est 120 km.  En France un circuit de proximité est fixé à 150 km. Bien entendu, hors agriculture Bio, la seule notion de circuit de proximité ne garantit pas la qualité des produits alimentaires, mais les circuits longs, aux mains de l’agro-business sont toujours plus suspects.

Repenser l’économie doit induire de nouveaux rapports humains et un nouveau rapport au travail, c’est est une urgence sociale, écologique, culturelle. Ainsi avec la nouvelle révolution numérique par le développement du travail à distance, ce nouveau rapport au travail par la remise en cause du « présentéisme » doit surtout éviter l’isolement à domicile, de manière à garantit la sociabilité des individus assujettis à cette forme de travail.

Par rapport à la nouvelle révolution numérique des « intelligences artificielles » rendu inévitable pour l’économie, mais pas seulement

Une nouvelle mutation anthropologique avec un nouveau type de société produit un nouveau type d’individu qui est amené aujourd’hui à agir souvent dans un contexte de vie de plus en plus incertain.

Après la machine à vapeur, la production d’électricité et l’invention du moteur électrique, suivi du moteur à explosion avec une modification en profondeur du rapport au travail, des déplacements, des relations sociales et du rôle de la femme, notamment avec la première guerre mondiale, ces découvertes avaient provoqué une mutation anthropologique en totale rupture avec les précédentes. Avec la nouvelle révolution des « intelligences artificielles » nous assistons à une nouvelle mutation anthropologique totalement différente et sans lien avec les précédentes.

Les avantages ne doivent pas occulter les inconvénients

A cet effet, si la nouvelle révolution numérique offre des avantages concernant la réduction des mobilités avec mise en place souhaitée de s-hub d'accueil de télé travail, elle suscite des craintes justifiées, tant sur le plan économique et sociétal, voire culturel, ainsi que sur le plan environnemental et énergétique. N’oublions pas que les terres rares (qui ne le sont pas toutes) dont sont issus les métaux rares indispensables aux intelligences artificielles, mais aussi à l’éolien et au photovoltaïque, sans compter l’usage quotidien des ordinateurs, smartphone, télévision, appareils ménagers etc. sont une matière fossile qui n’est pas inépuisable. Quand on sait que la Chine détient plus de 90 % de la production mondiale, alors qu’elle possède un peu plus de 30 % des réserves mondiales (44 millions de tonnes métriques pour 120 millions de tonnes métriques dans le monde en 2019) peut imaginer le pire.

Les robots ont désormais « changé de statut » et cela ne cessera pas de progresser

Avec le changement de statut des robots par internet et l’interconnexion entre eux, où aujourd’hui on peut faire fonctionner des entreprises (dites entreprises 4.0) sans peu d’intervention humaine, ce qui va s’amplifier demain avec la 5 G, en particulier dans les entreprises de la grande distribution, compte tenu des nouvelles habitudes d’achat et de livraisons. Il n’y aura d’ailleurs pas que les entreprises de la grande distribution qui seront concernées par la nouvelle révolution numérique, dont nous n’en sommes qu’à la préhistoire, sauf fin brutale de l’humanité...

Dans tous les domaines : entreprises, services, santé, hôpitaux, enseignement, transports, militaires etc. désormais l’Intelligence artificielle s’installe partout avec des applications de substitution totale de l’intervention humaine aux robots par phases successives. Il est évident que l’intelligence artificielle va susciter des espoirs, parfois surréalistes, mais aussi des craintes apocalyptiques, dont certaines peuvent être justifiées, compte tenu de notre culture actuelle.

Aujourd’hui on est en mesure de confier des taches sélectives de décision, notamment, pour la justice, la médecine, l’enseignement, mais aussi faire déplacer des véhicules sans chauffeur ou des drones-taxis sans pilote, y compris faire fonctionner des usines sans aucune intervention humaine grâce aux interconnexions de l’intelligence numérique entre les machines, avec toutes les conséquences d’éthique que cela suppose. Par exemple, s’agissant de la justice pour désengorger les tribunaux, lorsque cela ne relève pas de décisions concernant des jugements dans des situations complexes, où elles doivent être prises en « son âme et conscience », les robots peuvent très bien suppléer les magistrats pour prononcer des sanctions en fonction de critères très précis.

Aller vers un développement généralisé de « l’entreprise 4.0 » qui semble inévitable ne doit pas se faire en détruisant les structures actuelles, ni en construisant de nouvelles installations flambant neuves… Il faut partir de l’existant pour effectuer progressivement des transformations. Une évolution sera beaucoup plus efficace si elle est effectuée par petites étapes, tout en ayant une vision à plus long terme. C’est indispensable si l’on veut éviter une fracture sociale brutale et gagner du temps, car nul doute que de nouvelles activités, aujourd’hui insoupçonnables, apparaîtrons beaucoup plus compatible avec cette nouvelle ère post-croissance dans laquelle nous sommes entrés. Au début des années 1990 nous ne pouvions imaginer l’existence des plateformes numériques et leur impact sur notre vie quotidienne actuelle, bien qu’elles puissent soulever d’autres problématiques, notamment sur le plan social.

Pour conclure

Le Covid-19, outre les contraintes de confinement, nous impose une économie de survie où seuls les produits de première nécessité (alimentaire, énergétiques, santé, déplacements) doivent faire l’objet d’une production, de son acheminement et de sa distribution. Toutes les autres activités sortant de ce cadre, hormis les liaisons téléphoniques et internet, sont suspendues. Mais au fond, faute d’une décroissance démographique choisie et équitable, cela ne préfigure-t-il pas une vie à venir dans le cadre d’un l’effondrement envisagé de la société thermo-industrielle ?

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28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 11:04

La démocratie sera-t-elle la prochaine victime du coronavirus ?

La vitesse à laquelle la liberté de circuler a été mise à mal, la large acceptation du fait par l’opinion, l’éventualité de mesures plus fortes encore et notamment la mise en place d’un suivi des déplacements via la géolocalisation des portables, conduisent à poser la question.

L’urgence s’est refermée comme un piège implacable sur la plus évidente et la plus simple des libertés, celle d’aller et venir sans en rendre compte, en tout anonymat. Sous le poids d’une priorité supérieure, ce socle de nos démocraties a volé en éclat en deux jours seulement, du matin d’un dimanche où l’on nous demandait d’aller voter au matin du mardi où mettre le nez dehors devenait un délit.

Ce qui aurait été impensable si peu auparavant est devenu réalité sous la poussée d’une injonction supérieure: sauver des vies. Qui pourrait être contre ?  Dans ce contexte, la critique du confinement et de la surveillance est devenue inaudible, on peut le comprendre et ce d’autant plus que lorsque ce confinement sera levé et l’épidémie jugulée, qui pourra décemment regretter ces quelques semaines de liberté réduite et condamner ces contraintes provisoires ?  Tout cela nous apparaitra comme un bien petit mal au regard de l’enjeu.

Oui mais… dans quel engrenage mettons-nous chaque jour un peu plus le doigt ?

Demain sans doute, sauf à envisager un effondrement général des sociétés, de nouvelles technologies rendront la surveillance toujours plus facile et les manquements toujours plus aisés à repérer et sanctionner.

Internet et nos téléphones déjà savent presque tout de nous, la vie privée est morte, le droit à l’oubli une mascarade. Tout de notre vie peut être su, du plus anodin au plus intime.

L’hypothèse qu’un jour chaque humain se voie implanter une puce déclinant son identité et moult renseignements n’est plus interdite, certains y adhèrent. Tous les déplacements pourront alors être surveillés, et enregistrés à jamais. Il ne sera même pas nécessaire de l’imposer, il suffira simplement de rendre impossible la vie à ceux qui n’en seront pas munis, comme il est difficile désormais de vivre sans internet, sans carte bancaire, sans portable. 

Chacune de ces mesures liberticides pourra être précisément justifiée, aujourd’hui, la lutte contre le coronavirus, demain la sécurité face à la délinquance, les coupables pourront être confondus, les innocents rapidement être mis hors de cause, les crimes ainsi largement évités. Des personnes égarées ou blessées pourront être retrouvées et secourues… qui pourrait être contre ?

S’il s’appuie sur la technologie, le combat pour une surveillance généralisée sera néanmoins véritablement gagné du fait de son acceptation par la population. Aujourd’hui, le visage de la très grande majorité de la population chinoise est enregistré dans des bases de données associées à des logiciels de reconnaissance faciale. Partout dans le monde ce procédé se généralise. Quand toute une génération n’aura connu que cet état de fait, il apparaîtra comme normal et les mises en gardes de quelques vieillards passéistes pèseront bien peu.

Pourtant, nous aurons été prévenus, le 20ème siècle a foisonné d’œuvres de science-fiction du Meilleur des mondes d’Huxley  à 1984 d’Orwell ou  aux Monades urbaines de Silverberg, décrivant très précisément ce qui est en train de se passer : une société de surveillance, une injonction à penser comme il faut (ou tout simplement, à ne pas penser), une liberté de circulation mise en cause, le tout rendu acceptable par un certain confort de vie et parfois par une large liberté sexuelle. A coups d’arguments ponctuels, à coups de renoncements successifs et de facilités supposées progressistes, les hommes auront perdu la liberté, pire, ils l’auront vendue !

Attention, non seulement toutes les dictatures seront possibles, mais l’homme sera réduit à l’état de robot. Attention aussi, chaque petit pas en ce sens nous paraîtra justifié et là est le piège, le mécanisme est impitoyable.

A tous ceux d'ailleurs qui auraient des doutes quant à la réalité de cette marche vers 1984, voici une émission ou l'on apprend comment le gouvernement utilise les "nudges" pour manipuler l'opinion.

Sur ce thème, voir également cet article : La surveillance, germe de la dictature.

Didier Barthès

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25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 15:04

La question démographique reste la grande absente des réflexions sur la crise du coronavirus. Pourtant, trois éléments au moins peuvent lier nos effectifs à l’épidémie présente.

- L’émergence de l’épidémie est susceptible d’être liée aux contacts obligés avec la faune sauvage que provoque notre expansion permanente sur les territoires du vivant.

- L’épidémie est de façon certaine favorisée par la promiscuité, et la promiscuité est largement fonction de la densité de peuplement, elle-même liée à l’importance de nos effectifs.  Dans un habitat dispersé, elle resterait un problème mineur, mais elle se répand comme une traînée de poudre  dans les grandes agglomérations ou dans les régions peuplées comme la métropole de Wuhan ou la Lombardie. D’ailleurs, la première des mesures que prennent tous les gouvernements est d’éviter les rassemblements, or, dans une grande agglomération, on est rassemblés par nature. Toute la politique actuelle valide cette corrélation entre densité et épidémie (sinon, aucune des mesures prises n’aurait de sens).

- La lutte contre l’épidémie dans une société urbaine et densément peuplée passe par des mesures très autoritaires, restreignant fortement les libertés. Ces mesures sont parfois efficaces (on le voit par exemple en Chine où l’épidémie semble sur la voie descendante, mais aussi à Hong Kong ou à Taiwan qui, malgré leur forte densité, ont peu ou prou réussi jusqu’à présent à contenir le phénomène au prix... de la fin des libertés: contrôle par caméra, confinement, suivi des personnes, peines très sévères…un monde digne de la science-fiction.

En ce sens, la démocratie risque d’être la principale victime de l’explosion démographique. Nous rejoignons là une conclusion proche de celle que tire Jean-Marc Jancovici des crises à venir de l’énergie. Plus généralement, face à toute contrainte, les États sont tentés de réagir ainsi, et, plus l’habitude se prend de restreindre les libertés face à un problème, plus cette possibilité s’ancrera et plus la démocratie sera mise à mal dans l’acceptation plus ou moins passive des populations. 

A ce facteur démographique on peut ajouter la question de la mondialisation qui favorise les échanges de personnes et de biens. Remarquons cependant que la démographie peut, là aussi, être considérée comme à l’origine du problème, car avec des effectifs de 8 milliards - presque 10 au milieu de ce siècle -  il n’existe guère de moyen de nourrir et approvisionner en biens divers l’ensemble de la population sans recourir à la spécialisation internationale et donc à la mondialisation de l’économie avec tous les échanges de biens et de personnes que cela suppose.

Chacun pourra sourire à l’extraordinaire retournement de nombre de personnages politiques, adeptes forcenés de la mondialisation et de la croissance, économique comme démographique, qui, sous l’urgence tournent casaque, et  prennent des mesures à terrasser l’économie et à interrompre les échanges. Urgence oblige dira-t-on ! Certes, mais l'urgence n’excuse pas les erreurs passées et si Paris vaut bien une messe, il ne faudra pas oublier.

Un mot enfin pour condamner l’irresponsabilité en France du principal parti écologiste (EELV) qui, depuis des années, nie systématiquement la question démographique et qui, face au grignotage constaté des territoires  lié à l’augmentation de population (chaque année la France gagne l’équivalent d’un demi département en nombre d'habitants) propose une seule chose : la densification des villes ! On savait déjà que ce mot de densification ne constituait que le terme présentable pour entassement, on voit désormais à quels impossibles conduit cette politique : des épidémies favorisées, une liberté toujours plus bafouée, un monde toujours plus laid. Est-ce cela l’écologie ?

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22 mars 2020 7 22 /03 /mars /2020 19:04

Un article de Gilles Ricard

Rien ne sera plus comme avant, a dit Macron, qui ne rêve pourtant que d'une chose : relancer l'économie, la croissance et la mondialisation.

Mais comme disait Debord, "dans un monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux". L'épisode de coronavirus montre la fragilité de l'économie mondialisée.

Nous nous préoccupions (surtout en théorie) de la souveraineté alimentaire mais nous nous rendons compte que nous n'avons pas non plus la souveraineté sanitaire, ce qui est dangereux en cas de pandémie lorsque celle-ci touche l'ensemble des pays. Les masques sont fabriqués en Chine, les respirateurs artificiels aux Etats-Unis et en Allemagne. La pénurie de respirateurs oblige les médecins italiens à choisir qui ils vont soigner et la situation en Alsace n'est pas bien meilleure. Les frontières sont fermées, non seulement les frontières de l'UE mais aussi les frontières intérieures, malgré les bons mots sur les virus qui, selon Véran, n'ont pas de passeport et, selon Jean-François Kahn, ne paient pas de droits de douane. Les citoyens sont confinés, les pays aussi. L'Europe se réduit à la BCE et au MES, l'essentiel des décisions sont prises au niveau des Etats.

Le coronavirus nous donne un avant-goût, bien timide et partiel, de ce que pourrait être l'effondrement. La décroissance est là, tangible, réalisée. C'est une nouvelle période qui devrait nous conduire à interroger nos analyses et nos croyances.

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